Les compétences émotionnelles et empathiques : facteurs influençant la délinquance ? Etude quantitative dans une population d'adolescents judiciarisés au sein de l'Institution Publique de Protection de la Jeunesse de Fraipont

Abstract

Ce travail naît d’une réflexion sur la place de la dimension émotionnelle intra et intersubjective dans la délinquance juvénile. De cette réflexion découle une spécification de l’émotion au travers de trois variables : la première est l’intelligence émotionnelle qui reflète la capacité d’introspection sur nos propres émotions ; la seconde est l’empathie qui apporte un éclaircissement sur l’aspect intersubjectif de l’émotion et, enfin, l’humiliation est la troisième variable. Cette dernière émotion négative, est fondatrice d’un état de déconstruction et d’une diminution de la conscience de soi (Hartling, 2007). Dans notre étude, l’évaluation de l’ancrage de cette émotion dans le vécu des sujets a pour objectif d’éclairer son influence au niveau des compétences émotionnelles et empathiques ainsi que de voir son implication dans le passage à l’acte. À cette fin, la méthodologie de notre travail a consisté à constituer deux échantillons l’un regroupant des adolescents judiciarisés (N = 32) placés en l’IPPJ et l’autre une population d’adolescents non judiciarisée (N = 97). Ensuite, les sujets de la présente étude ont dû compléter un protocole comprenant : un questionnaire évaluant l’intelligence émotionnelle (TEIque ASF), un questionnaire évaluant l’empathie (BES), un questionnaire évaluant l’expérience d’humiliation (HI) et enfin un questionnaire de délinquance autorévélée. Les analyses principales des résultats de notre étude révèlent une différence significative de l’empathie entre les deux groupes, mais pas de différence significative au niveau de l’intelligence émotionnelle. Cependant les analyses approfondies indiquent une relation entre l’intelligence émotionnelle et la délinquance d’une part, d’autre part permettent de cibler l’implication de l’empathie affective dans la délinquance et enfin, éclairent un effet indirect de l’humiliation sur la délinquance expliquée par l’intelligence émotionnelle et l’empathie. Toutefois une relation positive entre l’humiliation et l’empathie a été observée. Nous avons fait l’hypothèse d’un effet curvilinéaire partiellement recouvert. Pour conclure, bien qu’il convient de prendre ces résultats avec précaution, ces observations rendent compte d’une relation entre les compétences émotionnelles et empathiques avec la délinquance et d’un effet indirect de l’humiliation sur celle-ci.