Le vécu des infirmiers travaillant en psychiatrie institutionnelle

Abstract

Notre étude tente de cheminer autour du questionnement de Jean Oury : « qu’est-ce que je fous là ? ». Cette interrogation nous amène à nous intéresser au vécu des infirmiers travaillant en psychiatrie institutionnelle. Nous cherchons à identifier les enjeux psychiques découlant du choix de ce métier, la fonction que l’institution peut remplir pour le soignant, la manière dont nos participants appliquent les principes de la psychothérapie institutionnelle et le sens que ce parcours professionnel prend dans leur histoire de vie. Grâce à une approche psychodynamique, nous utilisons l’entretien semi-directif avec une consigne propre à l’histoire de vie afin que les infirmiers nous fassent part de leur vécu. Nous faisons également passer un T.A.T pour pouvoir enrichir notre vision sur le fonctionnement intrapsychique de nos participants. Enfin, nous demandons à nos sujets de concevoir un blason institutionnel afin d’avoir accès à leur représentation de l’institution dans laquelle ils travaillent. Dans nos analyses, nous retrouvons un fantasme de réparation de l’autre et de soi découlant notamment d’un bagage familial en lien avec de la souffrance ou des maladies. Ce désir de réparer semble laisser transparaître une lutte contre des angoisses et pulsions de mort. Les mécanismes de défenses qu’ils mettent en place leur permettent de se sentir impliqués dans leur travail mais également de se protéger de la charge émotionnelle qu’il peut susciter. Le rôle de l’institution est abordé sous le prisme des imagos parentaux qui se reflètent dans la fonction contenante et la fonction totémique. Enfin, le cadre de la psychothérapie institutionnelle fait apparaître des processus de séparation/individuation chez nos participants qui semblent interagir avec leur perception de l’aliénation et de la hiérarchie.