La vaccination, un outil de contrôle efficace de la cryptosporidiose chez le veau ?

Abstract

Cryptosporidium parvum est un parasite zoonotique qui a une incidence mondiale, il atteint surtout les veaux dans les élevages bovins, les personnes immunodéprimées, les personnes âgées et les enfants. Ce parasite peut causer des diarrhées importantes, parfois mortelles chez les jeunes animaux et les personnes à risque. Les pertes économiques au niveau des élevages sont considérables et sa gestion est très compliquée. Les traitements existants pouvant s’avérer dangereux avec des effets secondaires importants, seules les mesures de prévention et de biosécurité jugulent les infections. En 2024, la firme MSD (Merck Sharp and Dohme) a mis sur le marché un vaccin, le Bovilis Cryptium, à l’encontre de la cryptosporidiose chez le veau. Ce travail se base principalement sur l’analyse de ce vaccin et sur les études cliniques qui ont été faites pour le tester. Au niveau des études réalisées sur des souris, l’excrétion d’oocystes est diminuée et la durée de l’excrétion est plus courte. Ensuite, une étude a été réalisée in vivo comparant des bovins vaccinés avec un groupe de bovins témoins. Dans le groupe de veaux immunisés par le colostrum, il y a une réduction de la diarrhée en termes de sévérité et de durée. Il y a également une amélioration de la santé et une diminution de la mortalité chez les veaux ayant reçu un colostrum hyper-immun. Ces veaux présentent un meilleur gain quotidien moyen. Malgré ces très bons résultats, l’étude comporte énormément de lacunes et de biais. Tout d’abord, l’étude est réalisée sur une très petite échelle avec 24 veaux immunisés et 25 veaux témoins dont certains sont nourris artificiellement et d’autres au pis, ce qui représente le risque que les résultats ne soient pas confirmés à grande échelle sur le terrain. Ensuite, les veaux nourris artificiellement dans cette étude sont répartis aléatoirement dans le groupe immunisé et dans le groupe témoin ce qui signifie que ces veaux n’auront pas le colostrum de leur propre mère, or c’est important pour un bon transfert immunitaire. Les veaux au pis, eux, seront avec leur propre mère, ça rend les résultats difficilement comparables entre les 2 groupes. Des études sur des plus grands groupes de bovins, à l’échelle d’une exploitation complète, avec un transfert colostral correcte de la mère à son propre veau et un colostrum frais serait une meilleure perspective pour évaluer l’efficacité de ce vaccin. Il est difficile de s’avancer sur l’efficacité d’un tel vaccin avec si peu de reculs et d’études de terrain.