Étude de l'impact de l'hétérogénéité du comportement des ovins au pâturage sur la croissance de l'herbe et l'indice de végétation NDVI dans une rotation ICLS

Abstract

Les herbivores au pâturage génèrent une hétérogénéité dans la végétation en raison de leur comportement alimentaire sélectif et influencent la disponibilité des nutriments pour les plantes par une répartition inégale de leurs fèces et de leur urine. L’objectif de cette étude était de caractériser l’hétérogénéité de la végétation induite par le processus de pâturage et d'analyser l'effet de la distribution spatiale des excrétions des ovins sur le NDVI (Normalized Difference Vegetation Index) et la croissance de l'herbe 2 semaines après pâturage, dans un système intégré culture-élevage (Integrated Crop-Livestock Systems, ICLS). L'étude a été menée sur quatre prairies temporaires de 0,15 ha, établies sur les terres de l’Université de Gembloux Agro-Bio Tech dans le cadre du projet ECOFOODSYSTEM. Les données ont été collectées sur une durée d’un mois. Des cartes du NDVI et de la hauteur de l’herbe avant et après le pâturage ont été générées à partir des images prises par des drones. Les tests de comparaison des moyennes du NDVI et de la hauteur de l’herbe après pâturage ont révélés que le 2ème tiers a été significativement plus affecté par le pâturage que les 1 er et dernier tiers des parcelles. La distribution spatiale des excrétions (urines et fèces) a été analysée par l’estimation de la densité du noyau. La densité des fèces était plus importante à proximité de l’abris, du point d’eau et des zones de repos tandis que celle des pissats était répartie de manière plus aléatoire. En moyenne, 78 % de la surface des parcelles a été couverte par des fèces et 57 % par des pissats. Finalement, la densité croissante en fèces a impacté positivement le NDVI et la hauteur de l’herbe 15 jours après pâturage, mais la densité en pissats n’a pas eu d’impact significatif sur la hauteur. La croissance de l’herbe a été 4 fois supérieure dans les zones à haute densité en fèces (14 à 18 dépôts/m²) par rapport aux zones à faible densité (0 à 4 dépôts/m²) et le NDVI a atteint des valeurs de 0,76 et 0,54 respectivement pour les deux niveaux de densité. Par conséquent, ces résultats soulignent l’importance d’étudier les schémas spatiotemporels du comportement alimentaire des herbivores au pâturage ainsi que la répartition de leurs déjections. Cela permettrait de mieux évaluer l'impact du pâturage sur la culture suivante, notamment en ce qui concerne la fertilité du sol et l’abondance des adventices, dans le cadre d'une rotation ICLS.