Etude de la mémoire et des caractéristiques des pensées vagabondes

Abstract

Le vagabondage de l’esprit est un phénomène récurrent dans notre vie quotidienne qui caractérise notre vie mentale. Il est défini comme des pensées qui ne concernent ni la tâche que nous sommes en train de réaliser, ni les stimuli présents dans notre environnement immédiat, ni nos sensations internes et externes. Nous connaissons aujourd’hui ses différentes caractéristiques. Par exemple, nous savons que les pensées vagabondes concernent majoritairement notre avenir et nos préoccupations actuelles, et qu’elles sont utiles pour générer de nouvelles solutions. De plus, nous savons que ces pensées peuvent assumer plusieurs fonctions, comme la planification, la résolution de problèmes ou la prise de décision. Puisque la majorité de nos pensées vagabondes sont dirigées vers le futur et qu’elles jouent un rôle clé dans la préparation et l’anticipation de notre avenir, il est nécessaire de pouvoir s’en souvenir au moment voulu. Cependant, nous en savons très peu sur les mécanismes de remémoration de ces pensées. L’objectif de ce présent travail était d’approfondir les précédents résultats de l’étude de Stawarczyk et D’Argembeau (2019), l’une des premières à avoir exploré les principes qui régissent la mémoire des pensées vagabondes. Mais aussi de pallier l’une de leurs limites : l’absence d’enregistrement des pensées vagabondes générées pendant la tâche initiale. Plus précisément, nos objectifs étaient de déterminer les caractéristiques des pensées vagabondes qui facilitent leur rappel ultérieur, et d’examiner si le rappel des pensées vagabondes présente des effets de primauté et de récence, comme celui des stimuli externes. Pour ce faire, nous avons utilisé une tâche de pensée à voix haute enregistrée en audio, suivie le lendemain, d’une tâche de rappel libre, également enregistrée, et d’un questionnaire évaluant les caractéristiques des pensées vagabondes. Nous avons ensuite analysé les caractéristiques des pensées rappelées et oubliées de nos quarante-cinq participants, ainsi que la structure du rappel. Nos résultats ont montré que les pensées rappelées concernaient des sujets plus importants que celles oubliées et qu’elles remplissaient une fonction de détente. De plus, elles étaient jugées comme plus récurrentes dans la vie quotidienne, plus longues, et concernant moins le sujet, mais davantage d’autres personnes. Concernant la structure du rappel, les résultats ont révélé un « effet de primauté », avec une plus grande proportion de pensées rappelées en début de tâche. Ainsi, notre étude a permis d’identifier certaines caractéristiques phénoménologiques qui prédisent l’accessibilité en mémoire des pensées vagabondes.