La décision partagée dans la prise en charge en pédopsychiatrie : une étude qualitative sur la perspective des professionnels

Abstract

Introduction : Ce projet de mémoire aborde la question de la décision partagée du traitement psychologique et psychiatrique dans la clinique des enfants et adolescents. Ce concept représente peu de connaissances dans la littérature, tant d’un point de vue théorique que d’un point de vue empirique concernant la clinique des mineurs en comparaison à la clinique des adultes. Cette recherche est exploratoire et vise à mieux comprendre la place de l'enfant et des parents dans le processus de décision partagée, les enjeux et les limites de celui-ci dans la clinique des mineurs, ainsi que la relation que le patient entretient avec la compliance au traitement et la satisfaction qu’il en retire concernant sa prise en charge, selon la perspective des professionnels en santé mentale. Matériel et méthode : Pour explorer la problématique, une recherche qualitative a été menée par le biais de seize entretiens semi structurés individuels en visioconférence via Teams avec des pédopsychiatres, en suivant le guide d’entretien comme fil rouge de l’interview. Il s’agit d’une étude exploratoire réalisée à travers une analyse thématique des entretiens. Résultat : L’analyse des entretiens a permis de faire émerger cinq catégories qui sont les suivantes : le continuum de la DP (collaboration, négociation, persuasion, manipulation), le rôle des parents dans la DP (interlocuteur privilégié, obstacles et facteurs modérateurs), les aspects relationnels dans la DP (psychoéducation et positionnement relationnel), l’influence des contextes sur la DP (contexte institutionnel en cas de refus de traitement, contraintes logistiques et organisationnelles, contraintes de ressources limitées dans les soins de santé) et les résultats de la DP (bénéfices sur la satisfaction et la compliance du patient). Conclusion : L’approche de prise de DP peut se représenter sous la forme d’un continuum, où le professionnel peut user de techniques allant de la collaboration, la négociation, la persuasion, jusqu’à la manipulation selon les situations cliniques. Son application varie selon différents facteurs tels que l’âge de l’enfant, les pathologies graves et/ou les problèmes intellectuels de celui-ci, les situations d’urgence ou les obstacles et les facteurs modérateurs des parents. Elle est élaborée en tenant compte, entre autres, de l’importance d’une bonne alliance entre l’enfant et le professionnel, d’une démarche psychoéducative, d’une adaptation du professionnel à l’enfant et d’une place cruciale des parents. Elle aurait également des conséquences positives sur la compliance de l’enfant au traitement et sur sa satisfaction concernant sa prise en charge.

Introduction : This dissertation project addresses the issue of shared decision-making on psychological and psychiatric treatment in the clinic for children and adolescents. Little is known about this concept in the literature, from both a theoretical and empirical point of view, concerning the clinic for minors in comparison with the clinic for adults. The aim of this exploratory study is to gain a better understanding of the place of children and parents in the shared decision-making process, the issues involved and the limits of this process in the juvenile clinic, as well as the patient's relationship with treatment compliance and their satisfaction with their care, from the perspective of mental health professionals. Material and method : To explore the issue, qualitative research was carried out by means of sixteen semi-structured individual interviews with child psychiatrists via videoconferencing with Teams, using the interview guide as a common thread. This was an exploratory study based on a thematic analysis of the interviews. Results : Five categories emerged from the analysis of the interviews: the SD continuum (collaboration, negotiation, persuasion, manipulation), the role of parents in SD (privileged interlocutor, obstacles and moderating factors), relational aspects in SD (psychoeducation and relational positioning), the influence of contexts on SD (institutional context in the event of refusal of treatment, logistical and organisational constraints, constraints of limited resources in healthcare) and the results of SD (benefits on patient satisfaction and compliance). Conclusion : The SD approach can be represented as a continuum, in which the professional can use techniques ranging from collaboration, negotiation and persuasion to manipulation, depending on the clinical situation. Its application varies according to different factors, such as the child's age, serious pathologies and/or intellectual problems, emergency situations or the parents' obstacles and moderating factors. This is developed taking into account, among other things, such as the importance of a good alliance between the child and the professional, a psycho-educational approach, adaptation of the professional to the child and the crucial role of the parents. Furthermore, it is thought to have a positive impact on children's compliance with treatment and their satisfaction with their care.