Quelles différences entre la santé mentale des jeunes adultes et celle de leurs aînés ? État des lieux et perspectives cliniques

Abstract

Introduction. La littérature en santé mentale s’intéresse de plus en plus aux jeunes adultes. En effet, nous savons désormais que 75 % des troubles mentaux se déclarent avant l’âge de 24 ans (Kessler et al., 2007). Malgré les récentes études sur ce sujet, menées pour certaines à la suite de la pandémie de COVID-19, nous manquons encore de données qui nous permettent d’appréhender finement les difficultés auxquelles font face les jeunes adultes d’aujourd’hui (Marchini et al., 2020 ; Graupensperger et al., 2021 ; Delle Fave et Leontopoulou, 2022). Hypothèses. Suite à l’étude de Wagener et al. (2022), qui avait mis en évidence des différences entre les Millennials (nés entre 1980 et 1996) au niveau de la régulation émotionnelle moins adaptative et de certaines émotions, nous émettons l’hypothèse que ces mêmes différences seront également observées dans notre étude. De plus, le champ des mesures a été élargi pour répondre à la question : « Existe-t-il des différences entre la santé mentale des jeunes adultes et celle de leurs aînés ? » Méthodologie. Nous avons mené deux études distinctes évaluant des compétences psychosociales, des processus psychologiques et le bien-être chez les jeunes adultes (18-25 ans) et les adultes (> 25 ans). Les études consistaient en deux ensembles de questionnaires diffusés sur Internet. Au total, 257 participants (207 adultes et 50 jeunes adultes) ont été recrutés pour la première étude. La seconde étude comprenait 65 adultes et 51 jeunes adultes. Résultats. Les résultats ont révélé des différences entre les adultes et les jeunes adultes concernant la régulation émotionnelle moins adaptative, l’émotion trait de colère, les pensées abstraites analytiques et la croyance que s’inquiéter aide à se motiver. Afin d’approfondir notre exploration de la santé mentale des jeunes adultes, nous avons étudié les corrélations entre les variables citées ci-dessus. Il est ressorti que, dans les deux groupes, la régulation émotionnelle corrélait avec les pensées abstraites analytiques et la croyance que s’inquiéter aide à se motiver. Toutefois, nous avons observé que le lien unissant ces variables variait entre les deux groupes. Discussion. Il est probable que des différences existent entre la santé mentale des adultes et celle des jeunes adultes. Celles-ci pourraient se marquer au niveau des processus psychologiques (régulation émotionnelle, pensées négatives répétitives) et des variables reliées (émotions, croyances). Ces résultats ouvrent la voie à une réflexion clinique et de recherche intéressante pour les prochaines études.