La compression temporelle des événements émotionnels en mémoire épisodique

Abstract

Lorsque nous nous remémorons les événements que nous avons vécus, la durée de notre rappel est plus courte que la durée réelle de l’événement (Jeunehomme et al., 2018). Ce phénomène de compression temporelle est modulé par plusieurs facteurs dont la nature des événements, ou la densité d’unité d’expérience (D’Argembeau et al., 2022). Cependant, les liens entre la compression temporelle et d’autres facteurs restent encore à découvrir. C’est le cas notamment des émotions, une part intégrante de notre vie quotidienne. En effet, de manière générale les émotions améliorent les performances de la mémoire épisodique, néanmoins pour les aspects centraux d’un événement (Williams et al., 2022). Les aspects contextuels présentent des résultats plus mixes dans la littérature (Petrucci & Palombo, 2021). Concernant les aspects temporels de l’événement, les émotions, généralement, améliorent (ou rallongent) l’ordre temporel, la durée subjective et la mémoire de la source (Petrucci & Palombo, 2021). Actuellement, aucune étude n’a mis en lien les effets des émotions et la durée de notre souvenir. C’est pourquoi, l’objectif de ce travail était de mesurer l’impact des émotions négatives sur la compression temporelle. À ces fins, nous avons réalisé deux études permettant de comparer les taux de compression, les évaluations subjectives des souvenirs, certaines dimensions de l’événement ainsi que le nombre de mot lors du récit verbal, en fonction de deux conditions induisant des émotions soit neutres, soit négatives. La deuxième étude différait par l’encodage incident en mémoire, la présentation des stimuli sous forme de liste et l’ajout d’un délai entre l’encodage et la remémoration. Nos résultats, ont permis de mettre en lumière un effet bénéfique des émotions sur le taux de compression lors de stimuli négatifs. Les événements émotionnels sont donc moins compressés que les événements neutres. De plus, cet effet est accentué lors d’un encodage incident, sous forme de liste et présentant un délai entre l’encodage et la remémoration. Ces résultats sont en accord avec la littérature décrivant les événements émotionnels et apportent un premier regard sur les effets des émotions sur la compression temporelle. De nouvelles recherches permettraient d’investiguer les effets des émotions sur la compression temporelle dans divers cadres différents tels qu’en lien plus direct avec la densité d’unité d’expérience ou parmi une population clinique.