Les pratiques diagnostiques de la déficience intellectuelle par les psychologues en Belgique : étude exploratoire

Abstract

Contexte : Un diagnostic de déficience intellectuelle doit inclure une évaluation du fonctionnement intellectuel et une évaluation du fonctionnement adaptatif. Cependant, la littérature indique que l'accent est souvent mis sur l’évaluation du fonctionnement intellectuel, négligeant le fonctionnement adaptatif. Objectif : Ce mémoire vise à combler le manque de données sur les pratiques diagnostiques des déficiences intellectuelles en Belgique francophone. Il explore deux questions principales : d’une part, la place relative du fonctionnement adaptatif comparé au fonctionnement intellectuel dans le diagnostic, et d’autre part, les facteurs influençant la manière dont les psychologues établissent ces diagnostics. Méthodologie : Pour répondre à ces questions, nous avons conçu un questionnaire auto-rapporté sur les pratiques diagnostiques des psychologues cliniciens, obtenant 82 réponses. Nous avons examiné la place accordée à l’évaluation du comportement adaptatif comparé au fonctionnement intellectuel à l’aide de deux variables dépendantes à mesures explicites et implicites. Pour répondre à notre seconde question, nous avons développé seize variables indépendantes correspondant aux quatre piliers de l’EBP : le contexte, l’expertise du clinicien, les caractéristiques du patient et la recherche. Nous avons mis ces variables en lien avec nos deux variables dépendantes : la fréquence d’utilisation des outils d’évaluation du fonctionnement intellectuel et adaptatif (mesures explicites) et la fréquence d’utilisation de la WPPSI et de la Vineland (mesures implicites). Nous avons utilisé une méthodologie quantitative pour treize variables en appliquant des analyses de variance à mesures répétées et une méthodologie qualitative pour les trois dernières. Résultats et conclusions : Les résultats ont révélé que les psychologues belges privilégient l’utilisation des tests de QI, comme les échelles de Wechsler, par rapport aux outils de comportement adaptatif tels que la Vineland, que ce soit pour les mesures explicites ou implicites. Cela suggère que le fonctionnement intellectuel reste prédominant dans le diagnostic, accordant une place secondaire au comportement adaptatif. Les facteurs influençant l’intégration de l’évaluation du comportement adaptatif dans le diagnostic incluent la disponibilité des outils d’évaluation du comportement adaptatif sur le lieu de travail, la spécialisation en neuropsychologie, et l'accès à des ressources scientifiques comme les ouvrages de référence et les articles spécialisés. Ces facteurs sont associés aux piliers de l’EBP, à savoir le contexte, l’expertise du clinicien et la recherche. Aucun facteur significatif n’a été trouvé pour le pilier des caractéristiques du patient.