L'effort cognitif dans l'évaluation de l'attention chez les enfants

Abstract

Cette recherche se penche sur la question de la mobilisation de l’effort chez l’enfant dans une tâche cognitive. Il arrive régulièrement que des enfants présentent de meilleures performances à une tâche complexe qu’à une tâche plus simple. Cela peut, par exemple, s’observer chez les enfants qui présentent des difficultés lors de tests scolaires demandant peu d’efforts cognitifs, mais qui se révèlent très doués aux jeux-vidéo nécessitant beaucoup d’efforts cognitifs. La littérature a démontré que la difficulté perçue de la tâche avait un impact causal sur l’effort mobilisé pendant l’épreuve (Brehm & Self, 1989 ; Capa et al., 2008). De ce fait, les individus peuvent exercer un contrôle cognitif effortless ou un contrôle cognitif effortful (McGuire & Botvinick, 2010). Certaines études ont démontré qu’il était possible d’influencer les performances des participants en manipulant la stimulation cognitive de la tâche (Lowe et Mitterer, 1982).

Notre objectif dans ce travail, est de mieux appréhender le processus de mobilisation de l’effort cognitif dans une tâche cognitive ainsi que d’identifier les facteurs individuels qui l’influencent. Pour mener cette étude à bien, nous avons sélectionné quatre outils. Tout d’abord, nous avons réalisé une tâche flanker avec des blocs en condition « incongruences fréquentes » et des blocs en « incongruences rares ». Ce test nous permet d’observer si l’augmentation de la stimulation cognitive de la tâche entraîne une augmentation des performances et une diminution de l’effet d’incongruence. Ensuite, nous avons sélectionné la tâche d’empan auditivo-verbal ainsi que la tâche de mémoire des images de la cinquième édition de l’échelle d’intelligence de Wechsler pour les enfants. Cela nous permet de calculer l’Indice de Mémoire de Travail et d’observer s’il est corrélé aux performances à la tâche flanker. Enfin, nous avons traduit en français le « Academic Self-Regulation Questionnaire » (SRQ-A; Ryan & Connell, 1989) qui vise à mesurer les styles motivationnels issus de la théorie de l’autodétermination (Deci & Ryan, 2000). Cela nous permet de calculer les scores de motivation intrinsèque des sujets et d’observer si cela a un lien avec leurs performances. Dans le cadre de cette étude, 38 sujets âgés de 7 à 12 ans ont été recrutés. Ces participants ont été amené à compléter les quatre tâches mentionnées ci-dessus, au cours d’un testing de 40 à 50 minutes.

Les analyses statistiques nous permettent de mettre en évidence un effet de la fréquence des items incongruents dans la tâche flanker. Cela semble indiquer une amélioration des performances et donc une diminution de l’effet d’interférence lorsque la stimulation cognitive de la tâche augmente. Cependant, les corrélations entre les performances à la tâche flanker et les variable de l’âge, de la motivation intrinsèque et de la mémoire de travail ne sont pas significatives. Cela ne nous permet donc pas de tirer des conclusions sur l’impact des facteurs individuels.