Quels sont les facteurs favorisant l'attractivité des maisons de repos pour les futurs soignants ?

Abstract

Le nombre de personnes âgées, de plus en plus dépendantes et vivant en maisons de repos, augmentera significativement et structurellement dans les prochaines années. Les difficultés actuelles de recrutement et de rétention de personnel dans le milieu risquent d’autant moins de trouver de solutions pour l’avenir. Le modèle biomédical reste prépondérant dans le secteur des soins prodigués aux seniors (Ronch, 2004 ; Rosher & Robinson, 2005 ; Hauge & Kristin, 2008), bien que le modèle biopsychosocial, dont découle le changement de culture des maisons de repos, soit reconnu comme étant le modèle d’accompagnement le plus adapté pour les résidents, les familles et le personnel (Grabowski et al., 2014 ; Corazzini et al., 2015). Notre recherche part du postulat qu’accroître la satisfaction au travail du personnel soignant permet d’augmenter sa rétention mais aussi le bien-être des résidents des maisons de repos. Elle tente de déterminer les causes impactant l’attractivité de ces institutions et aborde les problèmes sous l’angle des attentes professionnelles des futurs soignants, récemment influencées par la pandémie de la COVID-19 et les nouvelles technologies. A cette fin, nous avons interrogé des étudiants infirmiers et aides-soignants qui ont rempli un questionnaire via une enquête en ligne. Le but était d’évaluer l’attrait des caractéristiques du changement de culture en maison de repos tout en mettant en lumière la vision qu’avaient nos participants des personnes âgées et des maisons de repos. Nos résultats semblent révéler une perception médicalisée du vieillissement et des maisons de repos, avec une assez faible attirance pour ce travail. Certaines caractéristiques propres au changement de culture les attireraient. Nous retenons comme facteurs impactant principalement l’attractivité des maisons de repos pour notre échantillon : la relation résident - professionnel, l’équilibre vie professionnelle - vie privée, l’autonomie dans le travail, la flexibilité des horaires, un management plus participatif, un cadre de travail agréable ainsi qu’une offre de formation adaptée. Cependant, pour pouvoir rencontrer les attentes professionnelles des futurs soignants, il serait nécessaire d’instaurer des représentations favorables du milieu par une visibilité accrue et positive des seniors et du métier ainsi que par une communication valorisante par le biais des nouveaux médiums de communication. En outre, la formation des étudiants devrait être moins axée sur les soins aigus et veiller à une meilleure synchronisation des cours et des stages lors du cursus. Enfin, l’établissement de bonnes conditions de travail serait impératif.