Quels sont les liens entre la conscience émotionnelle et les pensées répétitives négatives ?

Abstract

INTRODUCTION : La dépression est un trouble psychologique touchant environ 5% de la population adulte, et représente l’une des principales causes d’incapacité et de morbidité dans le monde. Il est donc crucial d’améliorer la compréhension de ce syndrome, sa prévention, ainsi que sa prise en charge et son traitement. Une première piste d’action se trouve dans l’étude des pensées répétitives négatives (PRN), dont les ruminations et les inquiétudes, qui jouent souvent un rôle dans le développement et le maintien de la dépression. Une seconde piste d’intervention est la conscience émotionnelle (CE), qui, selon certains auteurs, pourrait avoir un effet protecteur contre la dépression. Bien que peu nombreuses, certaines recherches ont montré que la CE et les PRN étaient liées, ce qui pourrait donc avoir un impact sur la dépression. OBJECTIF : Le but de ce mémoire fut d’étudier les liens entre la CE (comprenant l’attention et la clarté) et les PRN (comprenant les ruminations et les inquiétudes) qui sont des processus psychologiques souvent retrouvés dans la dépression. Plus précisément, nous voulions savoir si les niveaux d’attention et de clarté permettaient de prédire les niveaux de ruminations et d’inquiétudes. MÉTHODOLOGIE : Nous avons demandé à 198 sujets âgés de 18 à 65 ans de répondre à un questionnaire en ligne, composé de différentes échelles évaluant la CE (TAS-20, TMMS, DERS), les ruminations (RRS sf), les inquiétudes (PSWQ), la dépression (BDI), ainsi que d’autres processus psychologiques (BADS, BAI, SBI). RÉSULTATS : D’un côté, nos analyses ont montré qu’une attention élevée pouvait prédire positivement ou négativement le niveau de dépression en fonction de l’échelle utilisée, alors qu’une clarté élevée prédisait une symptomatologie plus faible. De l’autre, le fait de faire très attention à ses émotions était un prédicteur de ruminations et d’inquiétudes élevées pour deux de nos échelles, alors qu’avoir une bonne clarté émotionnelle prédisait des ruminations et des inquiétudes moindres. Globalement, la clarté permettait une meilleure prédiction de nos variables que l’attention. CONCLUSION : Les dimensions d’attention et de clarté semblent interagir différemment avec la dépression et les PRN, mais paraissent pouvoir toutes deux prédire l’intensité de ces concepts. La clarté était globalement un meilleur prédicteur que l’attention, ce qui sous-entend qu’un travail de la clarté pourrait être davantage bénéfique d’un point de vue clinique. Des recherches supplémentaires restent cependant nécessaires.