Analyse, à travers les activités socio-économiques, des facteurs de risques de réintroduction et de dissémination de la grippe aviaire hautement pathogène (H5N1). Étude de cas dans le bas-delta du fleuve Sénégal.

Abstract

La grippe aviaire hautement pathogène (H5N1) est un virus qui touche principalement les volailles, mais peut également infecter d'autres espèces, y compris les humains. Depuis sa première identification chez des volatiles à Hong Kong en 1997, cette maladie est devenue une préoccupation mondiale. En effet, elle se propage rapidement et mène à de graves conséquences sanitaires, aussi bien sur les animaux que sur les humains. Pour limiter la propagation, des organisations comme l’Organisation mondiale de la santé animale (OIE) et l’Organisation mondiale de la santé (OMS) ont mis en place des protocoles de surveillance et de gestion des foyers d’infections. En Afrique, des détections du virus ont lieu régulièrement. Ce fut le cas, tout d’abord, en 2005, pour ensuite réapparaitre régulièrement notamment en décembre 2020, en 2021, et encore en décembre 2022. Plusieurs facteurs rendent la gestion de cette maladie particulièrement difficile sur le continent : le manque de moyens pour l’épidémiosurveillance, le mouvement des volailles entre les pays, l’importance des marchés non-réglementés, où les normes sanitaires ne sont pas souvent appliquées,… Les pratiques traditionnelles, comme l’élevage extensif, les marchés de volailles vivantes et le faible niveau de biosécurité augmentent les risques de dissémination. Au Sénégal, durement touché lors de la première apparition du virus en Afrique de l’Ouest en 2005, des mesures importantes ont été prises par le gouvernement pour tenter de prévenir la maladie et de limiter ses conséquences. Parmi celles-ci, on peut citer la suspension des importations de volailles, l’abattage des animaux infectés, et des campagnes de sensibilisation. La zone étudiée dans ce travail est le bas-delta du fleuve Sénégal. Cette région possède des caractéristiques qui la rendent sensible à la propagation du virus. En effet, il s’agit d’un lieu d’activité économique important : agriculture, pêche et élevage, pouvant aller de petites exploitations familiales à des fermes semi-industrielles. Le commerce de volailles y joue un rôle économique de premier ordre, mais n’est pas sans risques. En effet, le mouvement fréquent de volailles entre les différents marchés et à travers les frontières avec des pays voisins, ainsi que des manquements au niveau de la biosécurité dans certains élevages, favorisent la dissémination du virus. Le but du présent travail est donc de réaliser, sur la base d’une étude de terrain, une synthèse des pistes d’améliorations dans la prévention et la gestion de la maladie dans la région concernée.