L'âgisme présent au sein des consultations en diabétologie et son impact sur l'adhérence thérapeutique des patients âgés: une étude qualitative exploratoire

Abstract

Introduction: L’âgisme présent dans le secteur des soins de santé entraîne des conséquences non négligeables sur la santé des aînés (Adam et al, 2017). Beaucoup de soignants utilisent, par exemple, l’elderspeak. Cette communication infantilisante est issue des propres stéréotypes négatifs des professionnels relatifs au vieillissement et renforce, chez les patients âgés, leurs propres croyances négatives relatives au vieillissement, ce qui a des conséquences délétères sur leur santé (Levy, 2009; Adam et al, 2013). Le diabète touchant en majorité les seniors, les soignants en diabétologie travaillent, au quotidien, avec des patients âgés. L’efficacité de la prise en charge d’un diabète dépendant de l’observance thérapeutique des patients (OMS, 2016), la communication qu’utilisent les soignants lors de l’éducation thérapeutique peut donc avoir un impact non négligeable sur l’équilibre du diabète et la santé des patients âgés.

Objectifs de recherche: Cette étude a pour objectif d’explorer l’impact d’une communication à caractère âgiste sur l’adhérence thérapeutique des personnes âgées dans le cadre de la prise en charge d’un diabète.

Méthodologie: 2 diabétologues ont élaboré chacun deux enregistrements audio: une consultation avec un patient jeune et une consultation avec un patient âgé. 18 participants âgés ont écouté, à l’aveugle, ces deux consultations. Ils ont ensuite choisi l’enregistrement qui les avait le plus convaincus et motivés de suivre les recommandations du diabétologue et la raison de ce choix.

Résultats: Sur les 18 participants, 10 ont choisi la consultation de patient jeune. Pour la première diabétologue, 6 participants sur 9 ont choisi la consultation du patient âgé. Dans le cas de la deuxième diabétologue, 7 participants sur 9 ont choisi la consultation du jeune patient.

Discussion: L’utilisation de l'elderspeak et l’activation de la menace du stéréotype, à la suite de recommandations mettant en évidence la perte d’autonomie et la fragilité, ont eu un impact négatif sur l’adhérence thérapeutique anticipée des participants. L’impact positif de l’application d’une approche patient-partenaire sur l’adhérence thérapeutique anticipée a été mise en avant chez la première diabétologue. Cela expliquerait que la majorité de ses participants aient choisi la consultation du patient âgé, malgré la présence de stéréotypes négatifs liés au vieillissement.

Conclusion: Former les soignants en diabétologie aux conséquences délétères de l’âgisme sur la santé des seniors permettrait aux patients âgés de bénéficier d’une prise en charge de meilleure qualité afin d’éviter l’inobservance thérapeutique associée à un risque plus élevé de complications.

Introduction: Ageism in the healthcare sector leads to significant consequences on the health of the elderly (Adam and al, 2017). Many caregivers, for example, use ‘elderspeak’. This infantilizing communication stems from the caregivers' own negative stereotypes about aging and reinforces the elderly patients' own negative beliefs about aging, which has deleterious effects on their health (Levy, 2009; Adam and al, 2013). Since diabetes predominantly affects seniors, caregivers in diabetology work daily with elderly patients. The effectiveness of diabetes management depends on patients' adherence to therapeutic education (WHO, 2016) so, the communication used by caregivers during therapeutic education can have a significant impact on diabetes management and the health of elderly patients.

Research Objectives: This study aims to explore the impact of ageist communication on the therapeutic adherence of elderly individuals in the management of diabetes.

Methodology: Two diabetologists each developed two audio recordings: a consultation with a young patient and a consultation with an elderly patient. 18 elderly participants listened to these two consultations blindly. They then chose the recording that most convinced and motivated them to follow the diabetologist's recommendations and the reason for their choice.

Results: Out of the 18 participants, 10 chose the consultation with the younger patient. For the first diabetologist, 6 out of 9 participants chose the consultation with the elderly patient. In the case of the second diabetologist, 7 out of 9 participants chose the consultation with the young patient.

Discussion: The use of ‘elderspeak’ and the activation of stereotype threat, following recommendations highlighting loss of autonomy and frailty, had a negative impact on the anticipated therapeutic adherence of the participants. The positive impact of applying a patient partnership approach on anticipated therapeutic adherence was highlighted by the first diabetologist. This could explain why the majority of her participants chose the consultation with the elderly patient, despite the presence of negative stereotypes related to aging.

Conclusion: Training caregivers in diabetology about the deleterious consequences of ageism on seniors’ health would allow elderly patients to benefit from higher quality care and avoid therapeutic non-adherence associated with a higher risk of complications.