Quel est l'impact de l'environnement intérieur des maisons de repos sur leur attractivité auprès des futurs usagers et de leurs proches ?

Abstract

Malgré les multiples recommandations du Culture Change (Pioneer Network, 2017) concernant les bénéfices liés à l’approche domiciliaire dans l’aménagement intérieur des maisons de repos (et de soins), les observations du terrain semblent ne pas toujours aller dans ce sens (AVIQ, 2023 ; Pègues et al., 2024). En effet, bien que certaines progressions soient notables, les tendances hospitalières (ameublement de type institutionnel, espace de grande taille, etc.) prennent toujours une place importante, voire croissante, au sein des intérieurs des établissements pour personnes âgées. Par ailleurs, de nouveaux types d’environnements à caractère hôtelier trouvent peu à peu leur place dans les maisons de repos. Ceux-ci seraient issus d’une dérive de l’approche « comme à la maison » (Shield et al., 2013). Ces constats, multipliés par la courbe décroissante de l’attractivité générée par les maisons de repos (Leprince, 2024) et l’urgence démographique à laquelle nous faisons face (Adam, 2013), nous ont mené à interroger l’impact de la tendance d’un environnement intérieur à ressembler à un hôpital/une maison/un hôtel auprès des futurs usagers et de leurs proches. Afin de répondre à ces questionnements, nous avons mené une enquête sur la base de trente-deux photos d’espaces communs issues de dix maisons de repos différentes. Après avoir été évaluées par des juges externes, nous les avons soumises à d’autres sujets afin qu’ils estiment le niveau de qualité de vie de cet endroit, la culpabilité qu’ils ressentiraient en sachant que l’un de leurs proches y réside et leur propension à envisager cet endroit comme leur propre lieu de vie. Ensuite, nous avons mis en lien toutes nos données en effectuant des matrices de corrélations. Les résultats obtenus ne démentent pas les hypothèses confirmatoires. Les environnements « comme à l’hôpital » génèrent des appréciations plutôt négatives tandis que les intérieurs s’apparentant à des maisons suscitent des perceptions plus favorables. Les conséquences des environnements hôtelier représentaient, quant à elles, des données inconnues. Une réflexion nouvelle a émergé en croisant les résultats de cette dimension, le contexte socio-démographique, l’intérêt esthétique et la symbolique identitaire d’une maison. Cependant, les biais présents dans nos études nous ont amenés à interpréter ces résultats avec prudence. Cela a limité notre capacité à enrichir cette réflexion. Une étude de réplication évitant ces biais ainsi que des recherches sur d’autres paramètres impliqués et sur des populations différentes nous donneraient l’occasion d’approfondir nos connaissances. Malgré ces limites, nous estimons que nos recherches ont permis d’ouvrir de nouvelles perspectives pour l’avenir des maisons de repos et le bien-être de leurs résidents.