Effet de la fatigue mentale chez les patients ayant subi un AVC ischémique : induction de la fatigue par modulation de la charge cognitive - Etude comportementale et en IRM

Abstract

On recense chaque année environ 20 000 cas d’accidents vasculaires cérébraux (AVC) en Belgique (Depierreux, 2023). Bien qu’une augmentation du taux de survie soit enregistrée (De Doncker et al., 2018), l'AVC demeure la deuxième cause de mortalité dans le monde et la première raison de handicap moteur chez l’adulte (Hilkens et al., 2024; Zhao et al., 2021). Parmi les séquelles les plus fréquemment rapportées après un AVC figure la fatigue, considérée par près de 40% des patients comme le symptôme le plus invalidant (Billones et al., 2021; Crosby et al., 2012; Glader et al., 2002; Paciaroni et Acciarresi, 2019; Pedersen et al., 2022). La fatigue post-AVC (FPA) constitue un phénomène multidimensionnel encore peu compris, impliquant des interactions complexes entre facteurs neurologiques, psychologiques et environnementaux. Contrairement à une fatigue "classique", la fatigue post-AVC ne disparaît pas nécessairement après le repos et peut persister des mois, voire des années après l’événement initial (De Doncker et al., 2018). Elle a des répercussions majeures sur la qualité de vie, l’autonomie fonctionnelle, le retour au travail et la réintégration sociale (Glader et al., 2002; Matérne et al., 2025; Vincent-Onabajo & Adamu, 2014). Malgré son impact clinique, la FPA reste difficile à objectiver. Parmi les études précédemment publiées, la majorité utilise des mesures subjectives pour l’évaluer, ce qui ne permet pas d’appréhender les composantes comportementales et cognitives du phénomène (Behrens et al., 2023). Or, certaines recherches suggèrent que les patients peuvent ressentir une fatigue intense sans nécessairement présenter de déclin de performance, notamment grâce à des mécanismes de compensation cognitive (Genova et al., 2013; Hockey, 2011). D’autres travaux, au contraire, montrent une baisse significative de la vigilance et de la précision lors de tâches prolongées (Wang et al., 2016). C’est dans ce contexte que s’inscrit la présente recherche, qui vise à étudier les effets de la fatigue mentale chez les patients ayant subi un AVC ischémique il y a plus de deux ans, à l’aide de données subjectives, comportementales et structurelles. En recourant à la tâche X-Time Load Dual Back (Borragán et al., 2017), nous avons induit des charges cognitives variables dans deux conditions (faible vs. élevée), afin d’observer sur différentes mesures si les patients présentent une vulnérabilité accrue à la fatigue mentale par rapport à une population contrôle appariée.