L'évaluation du risque de traumatisme secondaire chez les sapeurs-pompiers en France et en Belgique - L'impact des différences de statut et de prises en charge psychologiques chez les sapeurs-pompiers en Belgique et en France sur le risque de développer un traumatisme secondaire et sur le développement des capacités de résilience et des stratégies de coping.

Abstract

De nos jours, les secouristes tel que les sapeurs-pompiers sont amenés à intervenir dans de nombreuses situations de plus en plus diversifiées et avec un risque plus grand de traumatisme secondaire (l’Intérieur, 2022). Toutefois, leurs missions divergent selon les pays, ainsi que l’organisation au sein de la caserne (Les services d’incendie et de secours, 2023 ; Organisation des sapeurs-pompiers en France, 2015), ou encore dans les prises en charge psychologique qui leurs sont proposées à la suite de leur intervention (De Soir, 2010). Ainsi, ces points de divergences nous amènent à nous poser la question suivante : le statut du sapeur-pompier et les prises en charge psychologiques disponibles dans chacun des pays amènent-ils une différence dans le risque de développer un traumatisme secondaire, ainsi que dans le développement de capacité de résilience et de stratégies de coping entre les sapeurs-pompiers belges et les sapeurs-pompiers français ? Pour répondre à cette question, nous avons établi plusieurs hypothèses, à savoir qu’il existe un niveau de traumatisme secondaire plus élevé chez les sapeurs-pompiers français ; que les sapeurs-pompiers volontaires sont plus à risques de développer un traumatisme ; que les sapeurs-pompiers moins expérimentés ont de meilleures capacités de résilience et des stratégies de coping tournées vers le soutien social, ce qui amène un risque de traumatisme secondaire plus bas ; et enfin que la fatigue de compassion est corrélée positivement avec le risque de traumatisme secondaire. Pour l’ensemble de ces hypothèses, une différence devrait pouvoir s’observer entre les deux pays : France et Belgique. Afin d’y répondre, une enquête en ligne a été proposée aux sapeurs-pompiers belges et français, reprenant des questionnaires validés. Cette enquête est anonymisée, seules des questions socio-démographiques telles que leur pays d’intervention, le nombre d’années d’expérience, leur sexe, leur statut, leur situation familiale et leur âge seront recueillies. Nos résultats n’ont révélé aucune différence significative entre les deux pays, quelle que soit l’hypothèse testée. Les sapeurs-pompiers présentent majoritairement un niveau de traumatisme faible à modéré, une bonne résilience non corrélée au traumatisme, et privilégient des stratégies de coping centrées sur l’émotion plutôt que sur le soutien. Les années d’expérience n’ont eu aucun impact sur les hypothèses émises. En revanche, un lien a été observé entre la fatigue de compassion et le traumatisme. Ces résultats, parfois divergents des hypothèses initiales, pourraient s’expliquer par les limites de l’étude et par l’efficacité des dispositifs de prise en charge mis en place depuis près de 30 ans.