Conscience corporelle, conscience émotionnelle et qualité de vie professionnelle: quel impact de la pratique du yoga chez les psychologues cliniciens?

Abstract

Les psychologues cliniciens sont particulièrement exposés au risque de souffrance professionnelle. Le yoga, à la croisée des facteurs protecteurs que sont les routines de soin de soi et la pratique de la pleine conscience (Vu et Bodenmann, 2017 ; Turgoose et Maddox, 2017), est documenté comme prise en charge complémentaire dans diverses pathologies mentales (Gallegos et al., 2017 ; Hilton et al., 2017). Toutefois, peu d'études ont exploré son rôle dans la prévention de la souffrance professionnelle, notamment chez les psychologues cliniciens (Nirwan et al., 2020 ; Cocchiara et al., 2019). Ce mémoire visait à explorer la contribution possible de la pratique du yoga dans le maintien de la qualité de vie professionnelle via la conscience corporelle et émotionnelle. Trois hypothèses ont été formulées : les psychologues cliniciens pratiquant le yoga présenteraient une conscience émotionnelle, une conscience corporelle et une qualité de vie professionnelle plus élevées que ceux ne le pratiquant pas. Pour les tester, un questionnaire en ligne intégrant des mesures socio-démographiques ainsi que des échelles évaluant la conscience émotionnelle (TEIQue-SF, Petride (2009)), la conscience corporelle (MAIA-2, Da Costa Silva et al. (2022)) et la qualité de vie professionnelle (ProQOL, Stamm (2009)) a été diffusé. Les résultats révèlent des différences significatives entre les deux groupes sur certains facteurs : l’intelligence émotionnelle intrapersonnelle, la conscience corporelle et le burnout. Ces données confrontées à la littérature soulignent l’intérêt de mieux cibler les composantes émotionnelles et corporelles étudiées. Elles suggèrent également l’existence d’un lien entre la pratique du yoga et le développement partiel de compétences telles que la conscience corporelle, émotionnelle et l’intelligence émotionnelle. Cette dernière jouerait un rôle dans la prévention du burnout (Gay et Genoud, 2020). Le yoga pourrait ainsi être envisagé comme un outil de prévention primaire du burnout en contribuant à renforcer les ressources psychologiques déjà présentes chez les professionnels, dans une approche centrée sur les processus (Nef et al., 2012). Cependant, la diversité méthodologique des études existantes limite la possibilité de comparaisons directes. Des recherches complémentaires sont nécessaires pour confirmer ces pistes. En conclusion, cette étude ouvre la voie à une compréhension intégrée des mécanismes par lesquels le yoga pourrait soutenir certains processus psychologiques clés dans la prévention de la souffrance professionnelle chez les psychologues cliniciens.