Dimensions de la socialisation organisationnelle, implication affective et intention de quitter : Analyse de la direction de la causalité.

Abstract

Dans le passé, plusieurs études ont permis de démontrer l’impact de la socialisation des nouveaux travailleurs sur leur implication affective ainsi que sur leur intention de quitter leur organisation (Bauer et al., 2007 ; Jones, 1986). La socialisation a souvent été étudiée comme un concept unidimensionnel. Cependant, Haueter et ses collègues (2003) en définissent trois dimensions : socialisation par rapport à l’organisation, à la tâche et au groupe. À notre connaissance, une seule étude a investigué l’impact de la socialisation par rapport à l’organisation et à la tâche sur l’implication affective et l’intention de quitter (Takeuchi & Takeuchi, 2009). Leurs résultats indiquent que la socialisation par rapport à l’organisation avait un impact sur ces deux variables attitudinales. Depuis, aucune autre étude n’a examiné l’impact des dimensions de la socialisation sur ces variables. Afin d’étoffer les connaissances sur la socialisation, notre étude vise à investiguer la relation causale entre dimensions de la socialisation, implication affective et intention de quitter. Cette étude s’appuie sur un échantillon de 246 candidats militaires. Durant leur processus de socialisation, ces personnes ont été invitées à remplir un questionnaire en ligne à 2 moments (2 et 9 semaines après le début de leur parcours de formation/intégration). Les analyses en panel croisé ont permis de mettre en évidence des relations réciproques positives entre l’implication affective et la socialisation par rapport à l’organisation/au groupe ainsi que des relations réciproques négatives entre ces mêmes dimensions de la socialisation et l’intention de quitter des candidats militaires. En revanche, aucune relation significative n’a pu être mise en évidence entre la socialisation par rapport à la tâche et les deux variables attitudinales étudiées (implication affective et intention de quitter). Ainsi, cette étude nous fournit une meilleure compréhension des relations entre ces variables. Elle nous permet d’envisager certaines pistes d’intervention au sein des organisations pour favoriser la socialisation par rapport à l’organisation et au groupe, l’implication affective et diminuer l’intention de quitter des candidats militaires. Une manière d’y parvenir pourrait être le mentorat (Craig et al., 2013 ; Payne & Huffman, 2005 ; Spagnoli et al., 2018), les activités de groupe (Farnese et al., 2022), la formation des instructeurs à propos de la justice organisationnelle (Babic et al., 2024) ou encore la présentation de Realistic Job Previews (Philips, 1998). Il s’agit, à notre connaissance, de la première étude à investiguer la relation causale entre les trois dimensions de la socialisation et ces deux variables attitudinales. Ainsi, cette recherche permet d’améliorer la compréhension des liens entre ces variables.