Facteurs de vulnérabilité aux agressions sexuelles sous substance : une approche par l'analyse des données des CPVS de Belgique

Abstract

Bien qu’en pleine expansion et représentant aujourd’hui une problématique préoccupante de santé publique, les agressions sexuelles facilitées par une substance (ASFS) restent encore peu étudiées, en particulier en Belgique. Ce mémoire s’intéresse à cette forme particulière d’agression sexuelle, et plus largement, aux agressions sexuelles impliquant l’usage de substance. L’objectif principal de ce mémoire est d’explorer les relations entre les antécédents de santé mentale (ASM) et de violence sexuelle (AVS) et le type d’agression sexuelle subie, chez les victimes d’agression sexuelle. Le deuxième objectif consiste à examiner l’influence de ces trois facteurs — les ASM, les AVS et le type d’agression sexuelle — sur la sévérité de la symptomatologie post-traumatique des victimes, à savoir les symptômes de l’état de stress aigu (ESA) et du trouble de stress post-traumatique (TSPT). Enfin, le troisième objectif est de décrire la distribution des différentes formes d’agression sexuelle au sein de l’échantillon étudié. Cette étude introduit une classification innovante des agressions sexuelles qui différencie les situations où une substance a simplement été consommée par la victime de celles où elle a joué un rôle facilitateur dans l’agression. Trois grandes catégories sont ainsi identifiées : les agressions sans substance (AS), les agressions avec substance non facilitante (ASNF), et les ASFS, elles-mêmes divisées en une forme opportuniste (ASFS O) et une forme proactive (ASFS P). Par ailleurs, cette étude repose sur des données issues de trois Centres de Prise en charge des Violences Sexuelles (CPVS) en Belgique et inclut les victimes étant âgées de 16 ans ou plus qui se sont présentées dans les sept jours suivant l’agression. Les résultats indiquent que les victimes d’ASFS étaient proportionnellement moins nombreuses à présenter des ASM que celles ayant subi une AS, et également moins nombreuses à rapporter des AVS que celles d’AS ou d’ASNF. De plus, les AVS et le type d’agression avaient un impact significatif sur l’intensité des symptômes de l’ESA et du TSPT, tandis que les ASM influençaient uniquement l’ESA. Plus précisément, les victimes présentant des antécédents affichaient une symptomatologie post-traumatique plus sévère, tandis que les victimes d’AS présentaient les symptômes les plus sévères, suivies par celles d’ASFS, puis d’ASNF. En s’appuyant sur une classification originale des agressions sexuelles, ce mémoire apporte un éclairage sur les profils de victimes, en mettant en évidence des vulnérabilités psychologiques et des expériences antérieures de victimisation, associées à certains types d’agression. Il contribue aussi à mieux comprendre l’impact des antécédents et du type d’agression sexuelle subie sur la sévérité de la symptomatologie post-traumatique chez les victimes.