Quels sont les mécanismes cognitifs impliqués dans le phénomène de persévération et de revisiting chez les patients héminégligents ?

Abstract

La négligence spatiale unilatérale est caractérisée par l'impossibilité de décrire verbalement, de répondre et de s'orienter aux stimulations controlatérales à la lésion hémisphérique sans que ce trouble puisse être attribué à un déficit sensoriel ou moteur (Heilman & Valenstein, 1979). L'héminégligence est un syndrome qui survient le plus souvent après une lésion de l'hémisphère droit (Brain, 1941 ; Critchley, 1953). Ce syndrome hétérogène peut présenter des manifestations productives telles qu'un comportement de persévération, c'est-à-dire traiter consécutivement une même cible, ainsi qu'un comportement de revisiting (ou rebarrage), c'est-à-dire revisiter une cible après en avoir traité d'autres. Ces deux comportements ont été observés dans le syndrome d'héminégligence mais nous ne connaissons pas encore exactement les mécanismes impliqués dans ces comportements. Différentes études se sont intéressées à l'implication de la mémoire de travail spatiale (Husain et al., 2001 ; Malhotra et al., 2005), l'inhibition de retour (Bartolomeo et al., 1999 ; Bourgeois et al., 2012) ou encore la planification de la recherche visuelle (Mark et al., 2004). Le but de notre étude est donc d'investiguer les mécanismes cognitifs impliqués dans le comportement de persévération et de revisiting chez des sujets héminégligents. Dans ce but, nous avons donc évalué la mémoire de travail spatiale, l'inhibition de retour ainsi que la planification de la recherche visuelle chez des sujets héminégligents, des sujets lésés droit et des sujets sains. Nos résultats suggèrent que le comportement de rebarrage serait lié à la présence de l'héminégligence mais pas le comportement de persévération. Ils montrent également que seule l'inhibition de retour serait significativement déficitaire par rapport à nos sujets lésés droit. Enfin, seule l'inhibition de retour est un facteur significativement explicatif impliqué dans les comportements de rebarrage. Nous n'avons par contre pas trouvé de facteur explicatif pour le comportement de persévération. En conclusion, nos résultats pourraient servir d'indication pour de futures recherches sur l'implication de l'inhibition de retour. Notons que de prochaines études devraient inclure un échantillon de patients plus conséquent et tenir compte de certaines variables telles que la sévérité de la négligence ou la localisation de la lésion.