Fièvre de la vallée du Rift : évaluation des risques d'émergence en Europe

Abstract

La fièvre de la vallée du Rift est une maladie virale zoonotique aiguë transmise par les moustiques, identifiée pour la première fois en 1931 chez des moutons au Kenya dans la vallée du Rift, d’où le virus s’est répandu à travers le continent Africain, dépassant même les limites terrestres avec des cas recensés dans la Péninsule Arabique, à Madagascar et même à Mayotte. Cette maladie affecte principalement les ruminants domestiques (moutons, chèvres et bovins ainsi que les buffles et les chameaux), avec des formes plus sévères observées chez les femelles gestantes (avortement) et les jeunes animaux (mortalité élevée). Cette zoonose émergente à déclaration obligatoire a le potentiel de provoquer une maladie grave chez l’homme. La transmission est majoritairement vectorielle au sein des ruminants tandis que l’homme s’infecte plus souvent par manipulation d’animaux ou de fluides infectés. Plus de 40 espèces de moustiques sont compétentes pour la transmission, mais les genres Aedes et Culex constituent les principaux. A ce jour, les espèces vectorielles compétentes majeures en Europe sont Aedes caspius et Culex pipiens. Dans un contexte de mondialisation croissante, où les connexions entre pays n’ont jamais été aussi intenses, et de dérèglement climatique, favorables à l’extension géographique des moustiques et à leur prolifération, se pose la question « La maladie pourrait-elle un jour arriver en Europe ? Le cas échéant, rencontre-t-elle les conditions propices à son établissement ? » Bien que le taux d’entrée du virus soit faible, les conditions relatives aux vecteurs et aux hôtes sont propices à la transmission du virus et à l’établissement de celui-ci, en particulier en Europe de l’Ouest et du Sud. La vigilance via les mesures de contrôle et de surveillance est essentielle, en raison des conséquences économiques graves qu’un tel scénario engendrerait.