Impact de l'organisation parcellaire sur l'hydrologie des paysages agricoles : Analyse diachronique et modélisation de scénarios multiples.

Abstract

La gestion et l’aménagement du territoire deviennent un levier central face aux effets du réchauffement climatique. L’élévation des températures accroît la fréquence des sécheresses et la puissance des crues, ce qui impose de réaménager en priorité les secteurs les plus sensibles pour renforcer leur résilience aux événements hydrologiques extrêmes. Cette étude modélise, avec MIKE SHE, le bassin versant de la Mehaigne à Upigny sur la période 2021-2022 et évalue trois configurations du paysage : un scénario témoin calé sur 2021 (VO), un scénario de type pré-Révolution verte, caractérisé par de grandes parcelles et une faible densité de haies sans fonction hydrologiquement ciblé (PV), et un scénario réaménagé (TC) combinant une fragmentation accrue du parcellaire et l’implantation de haies disposées perpendiculairement aux courbes de niveau. L’analyse cible en particulier le ruissellement, l’infiltration et la sécheresse agronomique. Le scénario PV détériore la réponse hydrologique lors de la crue de 2021, avec une évapotranspiration, un stockage et une infiltration plus faibles, tandis que le ruissellement de surface et le débit de pointe à l’exutoire augmentent. À l’inverse, le scénario TC améliore modestement les flux : réduction du ruissellement de surface et du pic de débit, légère hausse des stocks d’eau, de l’infiltration et de l’évapotranspiration. En été 2022, une forte prévalence du stress hydrique apparaît dans les 0-0,40 m du sol pour l’ensemble des scénarios, avec des écarts faibles entre configurations. La multiplicité des modalités testées ne permet pas d’isoler clairement l’effet propre de la fragmentation seule ni celui des haies seules. Des approfondissements méthodologiques s’avèrent nécessaires, en faisant varier la taille et la forme des parcelles, les stratégies d’implantation des haies et l’intensité des modifications, afin de quantifier l’apport spécifique de chaque composante. Malgré ces limites, les résultats mettent en évidence le potentiel du réaménagement parcellaire, mobilisant fragmentation fonctionnelle et haies judicieusement positionnées, pour atténuer les crues tout en préservant la disponibilité en eau des sols.