Mémoire, y compris stage professionnalisant[BR]- Séminaires méthodologiques intégratifs[BR]- Analyse des besoins de soins de santé mentale de 1e ligne des habitants de logements sociaux sur le territoire du Réseau de Santé Mentale de l'Est (RéSME) : regard des acteurs de terrain

Abstract

Introduction : La santé mentale est aujourd’hui considérée comme un pilier du bien-être global. En Belgique, la prévalence des troubles anxieux et dépressifs a augmenté depuis la crise du COVID-19, particulièrement dans les zones à forte précarité. Le logement constitue un déterminant clé de la santé mentale, particulièrement quand il s’agit de logement social accueillant majoritairement des publics cumulant des vulnérabilités socio-économiques et sanitaires. Constatant la sous-représentation de ces habitants dans les dispositifs de 1e ligne, le Réseau Santé Mentale de l’Est (RéSME) a mandaté cette étude afin d’identifier, à partir du point de vue des professionnels de terrain, leurs besoins spécifiques en santé mentale et d’évaluer l’adéquation de l’offre actuelle pour y répondre. Matériel et méthodes : Une étude qualitative de type phénoménologique descriptive a été menée auprès de 20 professionnels issus de Sociétés de Logement de Service Public (SLSP), Agences Immobilières Sociales (AIS), d’un Relais Social Urbain et d’une Association de Promotion du Logement (APL). Dix entretiens semi-directifs, réalisés entre mai et juillet 2025, ont été enregistrés, retranscrits intégralement et analysés selon une méthode thématique inspirée de Paillé et Mucchielli (2022), ainsi que de Braun et Clarke (2006). Résultats : Les professionnels décrivent des habitants confrontés à des troubles psychiques variés (schizophrénie, troubles bipolaires, anxiété, dépression), souvent liés à des parcours de vie marqués par la précarité et l’isolement et souvent aggravés par des addictions. Les principaux freins à l’accès aux soins sont financiers, géographiques, organisationnels, psychosociaux et liés à une méconnaissance des dispositifs. Les forces de l’offre actuelle reposent sur le rôle de proximité des travailleurs sociaux, les psychologues de 1e ligne, le Relais Social Urbain et les équipes mobiles. Les limites identifiées incluent la pénurie de professionnels, les inégalités territoriales, les délais d’attente et le manque de coordination intersectorielle. Conclusion : Les besoins en santé mentale des habitants de logements sociaux du RéSME sont étroitement liés aux déterminants sociaux et aux conditions de logement. Une réponse adaptée nécessite une approche intégrée, combinant actions sur l’offre de soins et amélioration des conditions de vie.

Introduction: Mental health is now considered as a pillar of well-being. In Belgium, the prevalence of anxiety and depressive disorders has increased since the COVID-19 crisis, particularly in areas of high poverty. Social housing, which mainly accommodates people with multiple socio-economic and health vulnerabilities, is a key determinant of mental health. Noting the under-representation of these residents in primary services, the Réseau Santé Mentale de l’Est (RéSME) commissioned this study to identify, from the perspective of professionals in the field, their specific mental health needs and to assess the adequacy of the current provision. Materials and methods: A qualitative, descriptive phenomenological study was conducted among 20 professionals from public housing companies (SLSP), social real estate agencies (AIS), an urban social center, and a housing promotion association (APL). Ten semi-structured interviews, conducted between May and July 2025, were recorded, transcribed in full, and analyzed using a thematic method inspired by Paillé and Mucchielli (2022), as well as Braun and Clarke (2006). Results: Professionals describe residents facing a variety of mental health issues (schizophrenia, bipolar disorder, anxiety, depression), often linked to life experiences marked by precariousness and isolation, and often aggravated by addictions. The main barriers to accessing care are financial, geographical, organizational, psychosocial, and related to a lack of knowledge about the available resources. The strengths of the current provision lie in the proximity of social workers, primary psychologists, urban social center and mobile teams. The limitations identified include a shortage of professionals, regional inequalities, waiting times and a lack of intersectoral coordination. Conclusion: The mental health needs of RéSME social housing residents are closely linked to social determinants and housing conditions. An appropriate response requires an integrated approach, combining actions on healthcare provision and improvements in living conditions.