Suivi des passages à faune supérieurs en Wallonie : test de protocoles et analyse de leur utilisation par la faune.

Abstract

Le développement des infrastructures linéaires de transport (ILT), notamment le réseau routier, constitue une menace majeure pour la biodiversité en provoquant une fragmentation des habitats. Celle-ci se traduit par une perte d'habitat, une augmentation de la mortalité routière, un effet barrière et une subdivision des populations animales. Afin de réduire ces impacts, différentes mesures d'atténuation ont été mises en place, parmi lesquelles se trouvent les passages à faune. Ceux-ci ont pour objectif de rétablir les continuités écologiques. En Wallonie, le réseau routier est environ quatre fois plus dense que la moyenne européenne. Sept passages à faune supérieurs y sont actuellement recensés, dont la plupart n’ont jamais fait l’objet de suivi. Ce travail de fin d'études a pour objectif de tester différents protocoles de suivi à l'aide de pièges photographiques et de réaliser un premier bilan de leur utilisation par la faune. Au total, 22 caméras ont été installées sur les différents passages, suivant trois configurations différentes : position centrale uniquement, position centrale + entrées, position centrale + entrées + abords. La performance des dispositifs a été testée selon différentes variables : nombre de détections animales journalières, taux de faux positifs, taux d'erreur de l'IA et indice de diversité de Shannon. L'intérêt de la complémentarité des caméras pour les deux dispositifs les plus lourds a été estimé en comparant la diversité spécifique captée par chaque caméra et en mesurant leur capacité à retransmettre les traversées. Les résultats ont démontré une grande variabilité due à la différence entre les sites d'études. Cependant, les caméras placées aux entrées se sont révélées efficaces pour enregistrer une grande diversité d'espèces. L'utilisation des ouvrages par la faune a ensuite été caractérisée au travers d'une analyse du nombre d'espèces observées, de l'influence de facteurs contextuels, structurels et biologiques. Au moins un animal a été capté sur l'ensemble des passages. Le taux de traversées journalier s'est révélé variable entre les différents passages. D'un point de vue comportemental, des taux de refus importants ont pu être observés selon les espèces : jusqu'à 70 % des tentatives de traversée chez le cerf. L'impact de la présence humaine s'est révélé variable selon les sites et les espèces.