La toxi-infection botulique chez les oiseaux aquatiques sauvages : évaluation du portage asymptomatique de Clostridium botulinum chez le canard colvert (Anas platyrhynchos)

Abstract

Le botulisme est une maladie neurologique provoquée par les toxines de Clostridium botulinum. Chez les oiseaux aquatiques sauvages, il s’agit historiquement de la principale cause infectieuse de mortalité, à l’origine d’épizooties massives pouvant entraîner plusieurs dizaines de milliers de morts. Les toxines principalement impliquées dans le botulisme aviaire sont les types C, D et leurs variants mosaïques C/D et D/C. Les Anatidés, dont le canard colvert (Anas platyrhynchos) est le représentant le plus important, sont particulièrement touchés. La pathogénie classiquement décrite repose sur l’intoxination, c’est-à-dire l’ingestion de toxine préformée dans l’environnement. Toutefois, une autre voie existe : la toxi-infection, caractérisée par la germination de spores et la production in situ de toxines dans le tube digestif. Ce mécanisme est démontré expérimentalement chez les poulets de chair, mais reste mal documenté chez les espèces sauvages. Sa plausibilité biologique est soutenue par plusieurs arguments, notamment par les conditions idéales de germination dans le cæcum de ces oiseaux. Dans ce contexte, un portage digestif asymptomatique chez certaines espèces a été décrit, souvent associé à des épisodes épidémiques, mais son importance en dehors de tels contextes reste incertaine. Sa mise en évidence constituerait un argument supplémentaire en faveur de la toxi-infection et pourrait éclairer la compréhension de la dynamique épidémiologique du botulisme aviaire en milieu sauvage. Ce travail vise à évaluer la possibilité de ce portage asymptomatique chez le canard colvert en bonne santé, par analyse PCR ciblant le gène ntnh sur des échantillons de fientes fraîches, prélevés hors contexte de mortalité en Wallonie. Tous les échantillons analysés se sont révélés négatifs, suggérant l’absence de portage détectable dans les conditions de cette étude. Ces résultats, bien qu’ils ne permettent pas d’écarter l’existence d’un portage asymptomatique, en accord avec d’autres études similaires, soulignent qu’il ne constitue probablement pas un phénomène fréquent dans les populations de colverts sains et hors période d’épizootie. Des études complémentaires, menées sur un plus grand nombre d’individus, à différentes saisons et sur divers sites aux contextes épidémiologiques variés, seraient nécessaires pour préciser le rôle réel de ce mécanisme dans l’épidémiologie du botulisme aviaire.