Dix ans d'hypothèses, une espèce en péril : retour critique sur les causes des mortalités massives chez Saiga tatarica

Abstract

L’objectif de ce travail est d’analyser de manière critique les hypothèses avancées depuis 2015 pour expliquer les mortalités massives chez l’antilope Saïga (Saiga tatarica), à travers une revue actualisée de la littérature scientifique. Il vise également à identifier les facteurs de risque persistants et les pistes de prévention dans une perspective de conservation et de santé vétérinaire. L’antilope Saïga (Saiga tatarica), espèce emblématique des steppes d’Asie centrale, a connu au cours des dernières décennies plusieurs vagues de mortalité de masse, dont celle de 2015, particulièrement brutale, qui a décimé plus de la moitié de la population mondiale en quelques semaines. Depuis cet événement, la communauté scientifique a formulé de nombreuses hypothèses pour expliquer ces mortalités, impliquant des agents infectieux comme Pasteurella multocida, des facteurs climatiques extrêmes, des déséquilibres alimentaires, une fragilité génétique accrue ou encore des pressions anthropiques croissantes. Ces hypothèses traduisent la complexité des interactions entre les éléments biotiques et abiotiques auxquels cette espèce migratrice est confrontée. Les travaux de la dernière décennie ont permis d’approfondir la compréhension de ces phénomènes grâce à l’essor d’outils modernes comme la télédétection, la modélisation épidémiologique ou l’analyse de l’écosystème dans son ensemble. Malgré ces avancées, les mortalités massives demeurent en grande partie imprévisibles, et la Saïga reste aujourd’hui une espèce en situation critique, soumise à de multiples pressions environnementales, sanitaires et humaines.