Etude ethnovétérinaire des plantes médicinales utilisées contre les parasites gastro-intestinaux des bovins et des poulets. Evaluation de leur potentiel anthelmintique et de la charge parasitaire au Nord-Bénin

Abstract

Ce travail de fin d’études a pour objectif principal d’évaluer scientifiquement l’usage des plantes médicinales en ethnomédecine vétérinaire en vue d’améliorer la gestion parasitaire des bovins et des poulets dans les élevages traditionnels du Nord-Bénin. Les enjeux majeurs liés à la pression parasitaire incluent principalement les faibles performances de production animale, les zoonoses, le développement de résistances des parasites aux molécules anthelmintiques de synthèse, et le coût élevé de ces traitements. Dans ce contexte, la flore béninoise est largement sollicitée pour le traitement des animaux, avec une demande croissante en plantes médicinales. Cent quarante-quatre enquêtes ont été menées auprès d’éleveurs Peuls dans les communes de Tchaourou et Gogounou. Nonante et une plantes médicinales ont été recensées, dont 65 utilisées pour traiter les bovins et 39 les poulets. Khaya senegalensis était la plante la plus fréquemment citée pour les deux espèces animales. L’écorce constituait la partie végétale la plus utilisée, avec comme modes de préparation principaux l’alicament (plante pilée et mélangée avec du sel) et la décoction pour les bovins, et la macération pour les volailles. Des analyses coproscopiques ont été effectuées en utilisant la méthode Mini-FLOTAC, et une autopsie helminthologique a été réalisée sur des poulets. Les résultats montrent une faible infestation des animaux durant la saison sèche, et le taux d’infestation des poulets autopsiés dans les deux communes ne différait pas significativement. L’effet in vitro de 19 plantes a été évalué par un test de motilité des vers adultes d’Haemonchus spp., suivi d’un screening phytochimique de trois plantes. Une interaction très hautement significative entre le facteur plante et le facteur dose a été observée, la dose exerçant un effet très hautement significatif sur la motilité. La majorité des extraits testés ont entraîné une inhibition plus importante de la motilité par rapport au témoin (PBS). Les effets les plus marqués ont été constatés pour Azadirachta indica, Khaya senegalensis, Bridelia ferruginea et Detarium microcarpum, et les plus faibles pour Anogeissus leiocarpa et Vitellaria paradoxa. Cette étude confirme l’importance fondamentale de la médecine traditionnelle dans le contrôle des parasites. L’association de ces pratiques et des approches scientifiques modernes permettrait d’optimiser les stratégies de lutte tout en préservant la santé animale et la biodiversité locale.