Mémoire, y compris stage professionnalisant[BR]- Séminaires méthodologiques intégratifs[BR]- Le syndrome de stress post-traumatique en contexte d¿urgence : impact du vécu subjectif et de la relation soignant-soigné sur la compliance thérapeutique

Abstract

Introduction Le syndrome de stress post-traumatique (SSPT) peut survenir à la suite d’un événement médical aigu, notamment une hospitalisation en salle de déchocage. Le vécu subjectif du patient, sa perception de la menace ainsi que la qualité de la relation soignant-soigné sont des facteurs susceptibles d’influencer le développement de symptômes de stress post-traumatiques, mais aussi la compliance thérapeutique à moyen terme. Cette étude vise à explorer ces liens, dans un contexte spécifique : celui de la salle de déchocage. Méthode Une étude observationnelle prospective été menée auprès de 100 patients admis en salle de déchocage du CHU de Liège. Les données ont été recueillies à trois temps : immédiatement après l’admission (T1), deux mois après (T2), puis six mois après (T3). Les outils utilisés incluent : l’échelle CARE (empathie relationnelle perçue), une échelle de perception de la menace, le PCL- 5 (symptômes de SSPT) et le MARS (observance thérapeutique). Des analyses corrélationnelles et des régressions linéaires ont été réalisées. Résultats Sur les 100 patients inclus, 63 ont répondu au T1, 32 au T2, et 20 au T3. Seuls deux cas de SSPT ont été identifiés (6,25 %). Une corrélation positive significative a été retrouvée entre le score CARE et la perception de la menace (ρ = 0,42 ; p = 0,0005), suggérant que les patients bien accompagnés perçoivent davantage la gravité de la situation. En revanche, aucun lien significatif n’a été trouvé entre la perception de la menace ou la qualité relationnelle et l’observance thérapeutique. Une tendance modérée (non significative) entre perception de la menace et symptômes de SSPT a été observée (ρ = 0,33 ; p = 0,07). Discussion Les résultats suggèrent que la relation soignant-soigné joue un rôle important dans la perception de la situation d’urgence, sans toutefois influencer directement l’adhérence thérapeutique. La détresse psychologique, en particulier le symptôme d’évitement, pourrait être un médiateur entre menace perçue et SSPT. Le faible taux de SSPT observé pourrait s’expliquer par le ratio soignant-soigné élevé en déchocage, la temporalité de l’évaluation (à deux mois), ainsi que par des mécanismes de protection comme la dissociation. La taille restreinte de l’échantillon et les biais liés à l’auto-évaluation limitent toutefois la portée des conclusions. Conclusion Cette étude met en lumière l’importance des facteurs relationnels et subjectifs dans l’expérience du soin en contexte d’urgence. Elle souligne l’intérêt d’intégrer la dimension empathique dans la prise en charge pour prévenir les troubles post-traumatiques et renforcer la confiance du patient dans les soins. Des recherches complémentaires, sur des échantillons plus larges et avec une approche mixte (quantitative et qualitative), sont nécessaires pour approfondir ces liens.