Mémoire de fin d'études: Architecture polysémique : lecture isotopique des reconversions d'églises

Abstract

Ce mémoire explore la reconversion des églises à travers une approche sémiotique originale fondée sur la notion d’isotopie. L’architecture est comprise ici comme un langage fait de signes, où les formes, les matériaux et les symboles produisent un sens au-delà de la fonctionnalité. Dans le cas des édifices religieux, l’isotopie est particulièrement forte : orientation, spatialité liturgique, monumentalité et organisation hiérarchique traduisent une cohérence de sens que la reconversion vient inévitablement questionner. En transposant les notions d’isotopie, de poly-isotopie et d’allotopie issues de la sémiotique greimassienne dans le champ architectural, cette recherche propose un cadre interprétatif pour analyser les continuités, superpositions ou ruptures de sens dans les projets de reconversion. Quatre études de cas en Belgique, aux Pays-Bas et en Allemagne (Boekhandel Dominicanen, Kruisherenhotel, Chapelle des Brigittines et Kolumba Museum) illustrent différentes stratégies, allant de la continuité isotopique à l’effacement critique, en passant par des cohabitations polysémiques. L’analyse montre que la reconversion n’est jamais une simple adaptation fonctionnelle, mais un processus herméneutique : chaque intervention construit un récit, négocie une mémoire et reconfigure la perception. Les églises, même désacralisées, conservent souvent une « sacralité résiduelle » perceptible dans la lumière, la monumentalité ou l’ambiance. L’isotopie apparaît ainsi non seulement comme un outil critique d’analyse, mais aussi comme une stratégie de conception, capable d’inspirer des reconversions à la fois respectueuses de la mémoire et ouvertes aux interprétations créatives contemporaines.