Le vécu des aidants informels lors de la transition d'un proche vers une maison de repos

Abstract

Introduction : Loin d'être un simple changement de lieu de vie pour la personne âgée, l'entrée en maison de repos constitue un moment charnière pour les aidants informels, suscitant des vécus très variables et des émotions allant du soulagement à la culpabilité. Pourtant, la recherche se concentre principalement sur les aidants de personnes atteintes de démence, laissant d’autres situations moins documentées. Objectifs : Identifier les facteurs influençant le vécu des aidants informels lors de l’entrée d’un proche en maison de repos. Cinq hypothèses secondaires examinent l’impact du motif d’admission, du degré de préparation, de la charge perçue, du sentiment de culpabilité et de la perception des établissements sur l’expérience émotionnelle des aidants. L’objectif final est d’éclairer les pratiques professionnelles et d’orienter les politiques de soutien afin de proposer un accompagnement plus adapté aux besoins des familles. Méthodologie : Une enquête en ligne a été réalisée auprès de 132 aidants informels impliqués dans l’admission d’un proche en maison de repos. Le questionnaire, structuré autour des hypothèses de recherche, comportait quatre sections mêlant questions à choix multiples, items dichotomiques oui/non, échelles allant 0 à 10 et questions ouvertes. Il explorait le processus d’admission, les émotions et le soutien perçus, le rôle de l’aidant avant l’entrée et la perception des établissements. Il abordait également la culpabilité, d’autres facteurs influents et des recommandations pour améliorer l’accompagnement. Résultats : La culpabilité perçue est apparue comme le principal prédicteur du vécu émotionnel. La charge perçue influençait également la difficulté émotionnelle. Le motif « épuisement » montrait un lien significatif avant contrôle des variables subjectives. Les autres facteurs testés ne présentaient pas d’effet direct significatif. L’analyse qualitative a mis en évidence un vécu émotionnel intense, mêlant tristesse, culpabilité et soulagement, ainsi que l’importance du soutien social, de la qualité de la prise en charge et de la préparation en amont. Les recommandations des participants soulignent la nécessité d’un accompagnement adapté, jugé utile par 78 % d’entre eux. Conclusion : Les résultats soulignent le rôle central des dimensions subjectives, en particulier de la culpabilité, dans le vécu des aidants lors de l’institutionnalisation d’un proche. Ils plaident pour un accompagnement individualisé initié dès la phase décisionnelle, intégrant un soutien émotionnel, une information claire et un suivi post-admission, afin de répondre à la diversité des besoins et trajectoires.