Les libelles de 1617 et le coup de majesté : passés et fonctions du passé

Abstract

Au lendemain du coup de majesté du 24 avril 1617, la production de libelles – courts textes polémiques massivement diffusés – connaît une brusque intensification. D’un registre polémique, elle glisse vers une logique de justification : il s’agit à la fois de « fabriquer l’odieux » autour de Concini et de consolider l’image royale. Par l’analyse fine des passés mobilisés dans ces textes polémiques publiés en 1617, ce travail de fin d’étude interroge les fonctions assumées par ce passé. L’étude, structurée en deux volets – le premier consacré à Concini, le second à Louis XIII –, met ainsi en lumière les discours rendus possibles par l’usage du passé dans ces libelles. D’une part, il désigne une cause unique aux maux du royaume et légitime un acte royal qui suscite l’inquiétude : Concini y est peint en parvenu étranger, puis en tyran, dont la chute s’impose comme inévitable, à travers des exempla historiques et mythologiques privilégiant l’émotion sur la raison. D’autre part, et en miroir, l’usage du passé sert à magnifier l’image du jeune souverain, à réaffirmer une autorité longtemps bafouée pendant la régence mais aussi à tracer une ligne de conduite à la croisée des specula principis humanistes et d’une raison d’État naissante. Cette recherche éclaire ainsi la culture politique du premier XVIIe siècle et souligne le rôle décisif des libelles dans la construction et la légitimation de l’autorité monarchique.