L'évolution de la qualité de vie en maison de repos dans un contexte de changement de culture : analyse des audits « qualité de vie » de la spin-off LyAge dans le cadre du projet Changement de Paradigme

Abstract

Les maisons de repos et de soins (MR/MRS), pensées comme des lieux de vie, restent trop souvent perçues comme l’étape précédant la fin de vie, avec l’étiquette de « mouroir » (Brami, 2013 ; Koren, 2010). La crise sanitaire et, plus récemment, les scandales de maltraitance ont ravivé les interrogations sur la qualité de vie (QdV) des résidents et, plus largement, sur le système. Malgré l’essor de mouvements de changement de culture (CC) visant à remettre la dimension « maison » au cœur des établissements et à recentrer l’accompagnement sur la personne plutôt que sur les seuls soins (Koren, 2010), la QdV évolue peu (de Roiij et al., 2011 ; Kok et al., 2018 ; Shippee et al., 2014). Notre étude poursuivait deux objectifs : évaluer l’évolution de la QdV dans des structures engagées dans un changement de culture et comparer le point de vue des professionnels à celui des résidents. En effet, les premiers tendent à sous-évaluer la QdV, en la rapportant surtout à la santé et au degré de dépendance (Berglund & Ericsson, 2003 ; Boucaud-Maitre et al., 2025), tandis que les résidents, tout en reconnaissant l’effet de la perte d’autonomie, accordent davantage d’importance à la vie sociale (Bowling et al., 2003 ; Farquhar, 1995) ; ces représentations influencent les interactions au quotidien. Les résultats, en phase avec la littérature, plaident pour une stabilité globale de la QdV et confirment un écart de perception, avec des scores plus bas du côté des professionnels. En se focalisant sur les dimensions qui composent la QdV, on observe toutefois une légère baisse au niveau du Lien staff-résidents et de l’Environnement, à interpréter avec prudence. Cela pourrait traduire un décalage entre attentes des résidents et actions mises en place. Parallèlement, l’implémentation du CC reste partielle : les volets « rapides » sont privilégiés, les dimensions plus exigeantes en temps et ressources étant laissées de côté (Duan et al., 2021 ; Sterns et al., 2010). Les professionnels soulignent d’ailleurs la crainte d’un essoufflement après projet. D’où la nécessité d’analyser finement les freins pour dégager des solutions réalistes et favoriser une mise en œuvre aussi complète que durable d’un changement de culture.