Impacts des ruptures d'attachement et d'un placement en institution durant la petite enfance sur la construction identitaire du jeune adulte : approche psychodynamique

Abstract

En Fédération Wallonie-Bruxelles, chaque année, de nombreux enfants sont placés hors de leur milieu familial, souvent après des expériences de négligence ou de maltraitance (Fédération Wallonie-Bruxelles, 2023). Ces séparations, lorsqu’elles surviennent dès la petite enfance et s’accompagnent d’un placement en institution, peuvent profondément marquer le développement psychique et identitaire. Ce mémoire, inscrit dans une approche psychodynamique, s’est intéressé à ces impacts à travers les récits de jeunes adultes ayant connu un placement précoce. Loin de figer leurs parcours dans un schéma unique, il s’agissait d’approcher la complexité et la singularité de trajectoires faites de fragilités, mais aussi, parfois, de résilience. L’articulation entre la théorie de l’attachement (Ainsworth et al., 1978 ; Bowlby, 1973) et les concepts psychodynamiques (Bion, 1962 ; Mahler, 1975 ; Winnicott, 1956) a permis de montrer comment ces expériences continuent de façonner, encore à l’âge adulte, la construction du Moi.

La recherche repose sur une approche qualitative et exploratoire, centrée sur le récit de vie de jeunes adultes ayant vécu un placement institutionnel précoce, la passation du T.A.T. et du questionnaire Ca-Mir. Les entretiens semi-directifs ont offert un espace pour dire, mais aussi pour taire, et saisir au plus près la singularité de ces expériences. L’analyse psychodynamique a révélé que l’enjeu ne se limite pas au placement seul, mais se joue aussi dans la rencontre avec d’éventuelles figures d’attachement alternatives, capables ou non d’assurer une continuité, une fiabilité et un sentiment de sécurité.

Ces résultats soulignent la diversité des trajectoires possibles : tout dépend des rencontres, des appuis et de la possibilité de mettre en sens l’expérience. Cliniquement, ils soulignent l’importance cruciale d’offrir, le plus tôt possible, des figures d’attachement stables et contenantes, capables d’assurer ce « holding » et cette continuité psychique indispensables au développement de l’enfant. L’intervention précoce n’est pas seulement préventive : elle peut être fondatrice pour l’évolution ultérieure du sujet.