Influence de la familiarite¿ dans la compression temporelle des souvenirs en me¿moire e¿pisodique

Abstract

La mémoire épisodique permet de se souvenir d’événements vécus dans leur contexte spatio-temporel. Un phénomène clé de cette mémoire est la compression temporelle, qui est la tendance à rejouer mentalement un événement en moins de temps qu’il ne s’est réellement déroulé. Si plusieurs facteurs influençant cette compression ont été étudiés, l’effet de la familiarité de l’environnement reste peu exploré. L’objectif de ce travail est de déterminer si la familiarité avec l’environnement influence la compression temporelle des souvenirs, et si ce facteur interagit avec le type d’événement (action vs navigation). 28 participants ont visionné douze vidéos filmées à la première personne, représentant des actions ou des déplacements dans des environnements familiers ou nouveaux. Après chaque visionnage, ils rejouaient mentalement l’événement et la durée de cette relecture était comparée à celle de la vidéo afin de calculer un taux de compression temporelle. Les participants évaluaient ensuite la difficulté et le niveau de détail du souvenir, et décrivaient verbalement leur contenu, permettant d’estimer la densité d’informations. Les résultats montrent que les vidéos d’actions étaient moins compressées, plus détaillées, plus denses en termes d’informations et plus faciles à rappeler que les vidéos de navigation. D’un autre côté, la familiarité de l’environnement n’a eu d’effet significatif ni sur la compression temporelle, ni sur la densité d’informations, mais elle a augmenté la facilité de rappel et le niveau de détail. Toutefois, aucune interaction significative entre le type d’événement et la familiarité n’a été observée. Plusieurs limites méthodologiques sont discutées, parmi lesquelles la variabilité interindividuelle dans la production verbale, l’absence de mesure de l’état émotionnel, l’effet d’apprentissage lié à la répétition des vidéos, l’hétérogénéité des vidéos de navigation et la taille restreinte de l’échantillon. Ces constats ouvrent des perspectives pour de futures recherches, notamment en standardisant les conditions de rappel, en intégrant des mesures de l’état émotionnel, en contrôlant plus finement les caractéristiques des stimuli, et en limitant les effets d’apprentissage. Des études répliquées avec un échantillon plus large et l’utilisation de l’eye tracking pourraient également enrichir la compréhension des mécanismes attentionnels et mnésiques impliqués dans la compression temporelle des souvenirs épisodiques.