Carrières et pratiques militantes féminines. Étude du parcours de femmes ayant fait partie de groupuscules révolutionnaires en Belgique francophone entre 1968 et 1980

Abstract

Ce mémoire étudie les trajectoires militantes d’un échantillon de vingt-trois femmes ayant participé à des groupes ou groupuscules situés à l’extrême-gauche en Belgique francophone entre 1968 et 1980, ainsi que certains parcours orientés vers le mouvement féministe. L’objet de recherche vise à comprendre comment se construit une carrière militante féminine dans un univers politique se réclamant de l’égalité mais traversé par des hiérarchies de genre implicites. La méthodologie repose sur une étude comparée, articulant une série d’entretiens oraux semi-directifs. Les témoignages recueillis constituent une matière première rare, permettant d’explorer les socialisations primaires et secondaires des militantes, les modalités concrètes de leur participation à la vie de ces groupes et les tensions liées au genre. L’analyse croise idéal-types wébériens et récits individuels afin de dégager des régularités et des discontinuités dans les parcours. La diversité des origines sociales, des modes d’entrée en militance et des formes de remobilisation après 1980 a été interprétée comme une opportunité de mise en lumière des négociations et reconfigurations opérées par les militantes au cours de leur trajectoire. Les résultats révèlent que l’engagement féminin ne s’interrompt jamais totalement mais se recompose dans des formes nouvelles, souvent discrètes mais durables. Cette recherche contribue à l’historiographie du militantisme en offrant une compréhension genrée des dynamiques internes aux organisations se disant révolutionnaires et de leurs effets biographiques à long terme.