Étude longitudinale des relations entre le sommeil et les fonctions exécutives chez les adultes de 51 à 69 ans

Abstract

Face au vieillissement démographique, une augmentation du nombre de personnes atteintes de maladies neurodégénératives est attendue au cours des prochaines années. Afin de prévenir le vieillissement pathologique et d’accompagner au mieux les personnes à risque, il est essentiel d’identifier et de comprendre les facteurs de risque modifiables dans le cadre du vieillissement normal. Parmi ces facteurs, ce mémoire examine les liens entre le sommeil et les fonctions exécutives chez des adultes sains âgés de 51 à 69 ans, suivis pendant 6 à 8 ans. L’échantillon étudié comprenait 46 participants issus de l’étude CoFitAge, qui ont complété à trois reprises cinq tâches exécutives d’intérêt : l’empan en ordre inverse, le Trail Making Test, les fluences phonémiques et sémantiques, ainsi que la tâche 3-back. Les données objectives de sommeil provenaient d’enregistrements EEG et incluaient le temps de sommeil total, le temps d’éveil après l’endormissement et l’efficacité du sommeil. La qualité subjective du sommeil a été mesurée à l’aide du Pittsburgh Sleep Quality Index (PSQI). Ce travail reposait sur trois hypothèses : (1) les fonctions exécutives déclineraient sur une période de 6 à 8 ans ; (2) un mauvais sommeil à la baseline serait associé à des performances exécutives plus faibles ; (3) les quatre paramètres du sommeil mesurés à la baseline permettraient ensemble de prédire le changement exécutif ultérieur. Les résultats n’ont pas montré de déclin global des fonctions exécutives sur cette période. Un temps d’éveil élevé après l’endormissement et une faible efficacité du sommeil ont été associés à une flexibilité cognitive plus faible, soutenant partiellement notre deuxième hypothèse. En revanche, un temps de sommeil plus long a été associé à des performances plus faibles en mémoire de travail, à l’inverse de ce qui était attendu, et le PSQI n’était lié à aucune mesure exécutive. Considérés simultanément, les paramètres du sommeil et le groupe d’âge (≤ 60 ans ou > 60 ans) n’ont pas permis de prédire les changements exécutifs. Toutefois, le temps de sommeil total et le groupe d’âge sont ressortis comme prédicteurs individuels significatifs des changements observés sur 6 à 8 ans, pour les fluences sémantiques et phonémiques, respectivement. Pour dépasser les limites de ce travail, les recherches futures pourraient inclure un échantillon plus large et diversifié, un suivi longitudinal plus long et des mesures répétées du sommeil.