L'aventure conjugale en procréation médicalement assistée : regard transversal sur les composantes individuelles, relationnelles et socioculturelles

Abstract

Loin des premiers tests sur l’insémination artificielle réalisés dans les années 1960 (Couple et Famille, 2019), la procréation médicalement assistée est une réalité de notre époque qui concerne de plus en plus de pays de par le monde (Inhorn et Patrizio, 2015). Dans un contexte d’augmentation et d’élargissement des populations ayant recours à la PMA (Passet-Wittig et Greil, 2021), les traitements de procréation médicalement assistée sont désormais accessibles aux couples infertiles, homosexuelles et issues de nombreuses cultures, comme en Afrique Sub-Saharienne. Or, il ne s’agit pas d’une entreprise sans risque au niveau psychologique et relationnel : de nombreux auteurs mettent en évidence les écueils psychologiques, les difficultés conjugales et les obstacles socioculturels auxquels peuvent se heurter les couples qui choisissent de recourir à la PMA (e.g. Jaffe, 2017 ; Darwiche et al., 2013). Peu d’études comparent toutefois les vécus qualitatifs de ces différentes populations. La présente étude poursuit l’objectif de participer à l’amélioration de la compréhension globale et transversale du vécu de couples issus de différentes populations à l’aide de la réalisation d’une analyse transversale, axée sur différentes composantes individuelles, conjugales et socioculturels. Ce travail investigue ainsi l’impact des facteurs sociaux et culturels sur les dimensions psychologiques et conjugale du vécu des couples, ainsi que les besoins exprimés par les participants. Cette analyse transversale met en évidence que des normes sociales associées à la parentalité, des croyances religieuses et culturelles, ainsi que la qualité du réseau social des couples semblent pouvoir être associées au vécu individuel et conjugal des couples au travers de diverses relations, également mises en évidence dans d’autres études. Les résultats soulignent également des différences interculturelles dans l’expérience de la PMA par les couples et les personnes, ainsi que des besoins principalement orientés vers le corps médical et psychosocial. Si le caractère avant tout exploratoire de ce travail nous retient de formuler toute conclusion tranchée, ces résultats paraissent nous inviter à prendre un pas de recul sur les enjeux associés à la procréation médicalement assisté dans un contexte sociétal de hiérarchisation des genres. Ils soulignent également l’importance de porter un regard systémique et holistique sur l’expérience des couples, pour comprendre d’un point de vue clinique et sensible les obstacles et les ressources évoqués par les couples.