Violences sexuelles commises au sein de la fratrie : exploration des dispositifs d'intervention auprès des mineurs en Fédération Wallonie-Bruxelles

Abstract

Contexte. Les violences sexuelles au sein de la fratrie constituent une problématique encore largement invisibilisée dans la recherche comme dans l’intervention. Elles posent pourtant des enjeux spécifiques liés au lien fraternel, aux dynamiques familiales et aux dilemmes éthiques des professionnel·les. En Fédération Wallonie-Bruxelles, les modalités de prise en charge de ces situations demeurent peu connues. Méthodologie. Afin d’explorer les réponses en termes d’intervention en Fédération Wallonie- Bruxelles, une méthodologie qualitative a été utilisée pour donner la parole aux professionnels de terrain. Quatorze entretiens semi-directifs ont été réalisés auprès de professionnel·les intervenant directement auprès des mineurs auteurs et victimes de violences sexuelles dans la fratrie afin de saisir leur vécu, leurs pratiques et les enjeux spécifiques liés à ces situations complexes. L’analyse thématique a permis d’identifier les principaux axes structurant leurs interventions. Résultats. Les analyses mettent en évidence six composantes centrales : les caractéristiques spécifiques perçues des violences sexuelles dans les fratries, les modalités d’intervention, les objectifs poursuivis, les outils mobilisés, les difficultés rencontrées et les besoins exprimés. Les résultats soulignent la spécificité du lien fraternel, le poids du tabou et de l’invisibilisation, les dilemmes entre protection et maintien des liens, l’absence de protocoles et le recours à la créativité clinique, ainsi que la charge émotionnelle et institutionnelle pesant sur les professionnels. Une convergence est observée entre les pratiques décrites et les recommandations de la littérature, notamment en ce qui concerne l’importance des approches systémiques, du travail en réseau et de la supervision clinique. Conclusion. Cette étude met en évidence la complexité des interventions face aux violences sexuelles fraternelles et confirme le besoin de dispositifs mieux structurés, de formations spécialisées et d’un soutien institutionnel accru. Elle invite à reconnaître l’inceste fraternel comme une problématique spécifique, nécessitant une prise en charge articulée des victimes, des auteurs et des familles, ainsi qu’une coordination renforcée entre services.