Le jardin résistant
Boisvert, Léo
Promotor(s) : Martineau, Julie
Date of defense : 30-Jun-2017 • Permalink : http://hdl.handle.net/2268.2/2969
Details
Title : | Le jardin résistant |
Author : | Boisvert, Léo |
Date of defense : | 30-Jun-2017 |
Advisor(s) : | Martineau, Julie |
Committee's member(s) : | Bogaert, Jan
De Harlez De Deulin, Nathalie Peeters, Serge |
Language : | French |
Discipline(s) : | Life sciences > Multidisciplinary, general & others |
Institution(s) : | Université de Liège, Liège, Belgique |
Degree: | Master architecte paysagiste, à finalité spécialisée |
Faculty: | Master thesis of the Gembloux Agro-Bio Tech (GxABT) |
Abstract
[fr] L’architecture du paysage constitue l’art de la compréhension, de la conception et de la ges- tion du paysage dans toute sa diversité. La première tâche du paysagiste consiste donc à saisir ce qu’est le paysage. Le 20 Octobre 2000, à Florence, les 29 états-membres du conseil de l’Europe se sont réunis afin de mieux prendre en compte et protéger les paysages. A l’issue de cette initiative, la convention a défini le paysage comme « une partie de territoire telle que perçue par les popula- tions, dont le caractère résulte de l'action de facteurs naturels et/ou humains et de leurs interrela- tions2 ». Si on tente d’analyser cette définition, qui fait office de référence, on peut observer plu- sieurs éléments.
Premièrement, un paysage correspondrait à une partie de territoire perçue par les popula- tions. Tout d’abord, la notion de territoire apparait inadaptée puisqu’elle sous-entend un découpage
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administratif ou juridique . Le paysage ne se souciant pas des limites administratives puisqu’un
même paysage peut recouvrir en son sein différents pays, régions, ou fragments de région. Pour répondre à cette remarque, la définition tente d’atténuer la notion de territoire en précisant qu’il s’agit d’une partie de ce dernier. De plus, le caractère subjectif sous-entendu par le mot perçue pré- cise qu’un même paysage varie selon l’observateur. Ce dernier est défini comme les populations terme qui a le mérite de proposer une vision écologique, puisqu’une population désigne l’ensemble
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des individus d’une même espèce qui occupent simultanément le même milieu . Il me semble donc
que cette première partie de définition révèle le caractère universel du paysage puisque la notion de population intègre l’homme au vivant.
Observons maintenant la seconde partie de la définition: dont le caractère résulte de l'action de facteurs naturels et/ou humains et de leurs interrelations. Le caractère d’un paysage, son identi- té, résulte donc de l’action de différents facteurs. On observe ici une dissociation plus ou moins marquée entre les facteurs dit naturels et/ou les facteurs dit humains. Encore une fois, cette sépara- tion est immédiatement corrigée par un terme appartenant au champ lexical de l’écologie: interrela- tion.
L’objet ici n’est pas de critiquer cette définition qui tente de définir, au mieux, un terme ap- paremment simple, mais en réalité complexe. Il s’agit de pointer du doigt la difficulté qui réside dans la simple définition du paysage mais aussi de mettre en lumière un processus contradictoire: pour comprendre le paysage, on dissocie l’homme et la nature pour les réassocier aussitôt. Doit-on parler de l’homme et la nature ou de l’homme est la nature? Je n’aurais pas la prétention de ré- pondre à cette question éternelle, puisque bien des savants se la sont posée, sans jamais trouver un consensus universel qui aurait permis de convaincre les défenseurs d’une opinion contraire. En re- vanche, je propose de centrer la question dans un lieu connu de chacun, qui pourrait à lui seul sym- boliser cette question: le jardin. Pour ce faire, je propose d’observer tout d’abord l’étymologie du mot jardin.
Le terme jardin apparait au XIIe siècle au sens de « terrain, généralement clos, où l'on cultive des végétaux utiles ou d'agrément »5. Il remonte au terme gallo-roman hortus gardinus, ce qui signifie littéralement « jardin entouré d'une clôture ». Composé du latin hortus « jardin » et du vieux bas francique gart ou gardo « clôture ». Le mot s’est ensuite diffusé dans les autres langues
romanes à partir du français jardin, ainsi que de l’anglais garden via le normand gardin, semblable au picard gardin.
Cette étymologie suggère donc que le jardin se doit d’être clos pour protéger son contenu de l’extérieur. Si cette notion de protection apparait à la genèse de la construction du mot jardin, il me semble cohérent, d’observer quelles sont les modalités et l’objet de protection que l’on peut obser- ver au sein du jardin. Voilà la raison pour laquelle la première partie de cet essai tentera d’établir une chronologie du jardin, qui permettra de comprendre sa fonction de protection. Pour être clair, l’idée ici, n’est pas de développer l’histoire des jardins en soit, mais de l’observer au regard de sa fonction étymologiquement primaire: la protection.
Ainsi, nous pourrons observer que la valeur de protection du jardin semble traverser l’histoire mal- gré l’évolution constante de la forme du jardin. Il sera dès lors intéressant de définir, à partir de la fonction de protection, un nouveau type de jardin qui répondrait aux enjeux sociétaux contempo- rains.
La problématique que je souhaite traiter au cours de ce Travail de Fin d’Etude est donc la suivante:
Comment la fonction de protection permet-elle de définir le jardin résistant en répondant aux at- tentes sociétales contemporaines?
L’objectif de la première partie de cet essai est donc de proposer une chronologie du jardin qui permettra de mettre en lumière la fonction de protection du jardin.
Si cette fonction apparait comme le dénominateur commun de tous les jardins occidentaux à travers l’histoire, il sera alors plus aisé de l’étudier à notre époque. En effet cette dernière se traduit par un basculement fondamental dans le sujet de protection du jardin. Si l’histoire nous enseigne que le jardin a été le lieu de la protection de l’homme face à une nature hostile, à notre époque, dans un monde ou presque tout a été anthropisé, une nouvelle forme de jardin suggère de protéger la na- ture de l’homme.
La deuxième partie de cet essai tentera donc dans un premier temps, de comprendre l’inter- prétation contemporaine de la nature. Nous devrons, pour cela nous positionner sur certains concepts clefs comme la nature, le cosmos ou le nihilisme. Nous pourrons ensuite étudier quelques formes contemporaine de la nature comme les parcs publics, les infrastructures vertes, le land-art, les non-lieux et le jardin écologique. On observera notamment comment ce dernier fait souvent l’objet d’abus. Je tenterai alors de définir un idéal-type7 du jardin écologique, qui répondrait aux attentes sociétales contemporaines du jardin: le jardin résistant. Une fois que nous aurons compris ce que protège ce jardin, le dernier objectif de cette seconde partie sera de comprendre pourquoi et contre quoi ce jardin résiste.
Enfin, dès lors que nous aurons défini le jardin résistant, nous devrons indiquer les condi- tions, qui favoriseraient l’émergence de cette nouvelle forme de jardin. Pour cela, nous nous inspi- rerons d’abord d’un concept voisin du jardin résistant, le Tiers Paysage8 développé par le paysa- giste Gilles Clément. Pour finir, nous pourrons observer au travers d’un exemple concret, le Grand Paris les « potentiels de résistance » à l’échelle du territoire. Ainsi, nous pourrons constater comment, à travers un contexte urbanistique existant, la résistance du jardin pourrait s’organiser.
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