Développement d'une bioraffinerie d'insectes à vocation non alimentaire : Etude du cas de Tenebrio Molitor

Abstract

Le ténébrion meunier (Tenebrio molitor) est un coléoptère de la famille des ténébrionidés. Il est riche en lipides et en protéines. Cela explique pourquoi sa larve est consommée à travers le monde comme nourriture animale ou humaine. Il est présenté comme un aliment capable de concurrencer les produits carnés dans le futur. Néanmoins, en Europe, des barrières culturelles et législatives ralentissent cette tendance. Dans ce contexte, l’utilisation de l’insecte à des fins non alimentaires prend tout son sens. Ce travail vise à étudier le ténébrion meunier au stade larvaire et adulte dans l’optique d’appliquer une extraction sélective de classes de molécules qui trouveraient des applications dans le secteur non alimentaire. Une caractérisation de lots d’insectes a été réalisée. Elle révèle une haute teneur en protéines d’environ 55% pour les deux stades de développement après séchage. La larve contient jusqu’à 30% de lipides tandis que l’adulte est plus riche en chitine, un biopolymère retrouvé dans sa cuticule. Quatre traitements chimiques et physiques ont été appliqués sur l’insecte afin d’étudier leur influence sur la composition en lipides et en protéines. Une explosion de vapeur a montré de faibles rendements d’extractions d’environ 42% ± 8% et 52% ± 7% pour l’extrait lipidique et d’environ 60% ± 14% et 48% ± 2% pour l’extrait protéique selon le stade étudié. Un traitement basique altère l’extrait lipidique mais permet une augmentation du rendement d’extraction en protéines pour le stade adulte de l’ordre de 6%. L’effet inverse est observé pour un traitement acide où le rendement de de l’extrait lipidique augmente d’environ 5%. Enfin l’application d’ultrasons a montré de bons rendements pour les deux extraits. En parallèle à ces approches techniques, un procédé d’extraction de la chitine a été testée sur l’insecte adulte. Celui-ci a permis l’extraction de chitine. Des impuretés restent toutefois présentes, ce qui démontre une optimisation nécessaire du procédé. Les fractions d’intérêt (lipides, protéines, chitine) ont été sélectionnées sur base de potentielles applications industrielles dans les domaines des biocarburants, pharmaceutiques ou dans le traitement des eaux par exemple.