Adolescence et Paternité : étude exploratoire sur la construction des rôles paternels et la transmission intergénérationnelle

Abstract

L'adolescence est un moment charnière dans le cycle de vie humain, car elle est la période durant laquelle, l'adulte en devenir va se séparer et s'individuer de ses parents (Rice, 1996). C’est à ce moment que naissent les premiers amours et lorsque la sexualité mène à une grossesse, le jeune homme, qui est alors dans la phase du cycle de vie préparant le nid vide, voit les choses s'accélérer ou prendre une voie différente de celles de ses pairs. Si la littérature s'est beaucoup préoccupée des grossesses adolescentes des jeunes filles, tantôt décrivant l'insertion sociale de ces filles, tantôt la fonction de leur grossesse précoce (Le Van, 1998, citée par Di Martino, 2002), quid de leurs homologues masculins ? Les mythes sur ces adolescents devenus pères ne sont guère fort glorieux : du mythe du "père fantôme", à celui du "Don Juan", la réalité est pourtant toute autre (Robinson, 1988, cité par Rice, 1996). L’objectif de ce mémoire est d’explorer la construction des rôles paternels des adolescents devenus père à travers l’influence de la transmission intergénérationnelle et de la culture familiale afin d’ouvrir le champ de questionnement sur le contexte systémique dans lequel cette paternité prend place. Pour ce faire, nous avons rencontré cinq jeunes hommes, autour d’un entretien semi-structuré. Nous leur avons proposé la construction d’un génogramme afin de dégager l’éventuelle transmission de patterns familiaux. Nous leur avons aussi demandé la construction de masques (Caillé et Rey, 1994) symbolisant le père idéal et le père adolescent qu’ils sont, afin de dégager les représentations de leur propre rôle paternel et les freins qu’ils y associent. Ces outils nous ont aussi permis d’explorer les mythes décrits par Robinson (1988), cité par Rice, et d’explorer le type de désir de grossesse de ces adolescents, décrits par Le Van (1998), cité par Di Mortino (2002). Nos résultats ont démontré qu’il y a effectivement un effet de la transmission intergénérationnelle de patterns familiaux dans notre échantillon, qui permettent à la fois aux jeunes de se construire en tant que pères, en leur donnant une « ligne de conduite » et qui nous permet de mieux appréhender la fonction de leur paternité dans leur construction identitaire et dans leur prise d’autonomie.