Image du corps et fonctionnement psychique de patients atteints de fibromyalgie

Abstract

La fibromyalgie se caractérise par l’apparition de douleurs, un symptôme de fatigue et des troubles du sommeil qui se chronicisent. Aucun signe biologique ou radiologique d’anormalité et d’anomalie n’est identifié comme étant une cause directe de la fibromyalgie. La reconnaissance scientifique du diagnostic de fibromyalgie est relativement récente. Le diagnostic est posé en excluant ses multiples comorbidités, après de nombreuses années d’errance. Afin de réaliser ce travail, six patientes ont été rencontrées. Le test projectif du Rorschach et un récit de vie ont été réalisés pour chaque patiente. Dans un premier temps, nous nous sommes demandé, quelle image ces patientes avaient d’elles-mêmes et de leurs corps. Nous avons supposé que l’image de leurs corps pouvait être liée à la douleur et que l’image qu’elles ont d’elles-mêmes était négative. Or, le lien entre la douleur et l’image du corps ne se vérifie directement que pour deux des patientes. L’image de soi se caractérise par des attributions négatives et un point de vue sur soi pessimiste, pour la moitié des participantes. Dans un second temps, nous avons cherché à comprendre l’histoire de ces patientes et à repérer la présence de traumatismes éventuels. Nous constatons grâce aux récits de vie, que l’histoire de ces patientes est marquée par de multiples traumatismes. Pour finir, nous avons tenté de comprendre le fonctionnement psychique global de ces patientes. Nous avons supposé qu’il pouvait exister un lien, entre la fatigue chronique et la dépression essentielle qui est propre, à une symptomatique nommée vie opératoire. Une des patientes semble se rapprocher d’un fonctionnement de type opératoire avec la présence notamment d’une dépression essentielle. Nous relevons, lors de ce travail, des éléments qui n’avaient pas été envisagés. Pour la moitié des sujets, aborder l’image de leurs corps les amène à évoquer celui de leur mère. L’indifférenciation au corps de la mère est donc un élément prégnant et imprévu de notre recherche. Pour finir, la moitié des patientes sont affectées par la présence de somatisations par régression qui occasionnent des modifications transitoires de leur fonctionnement psychique.