La question du jeu au sein d'institutions accueillant l'enfance : Pourquoi est-il important de jouer avec les enfants placés ? Comment le jeu se présente-t-il au sein de ces institutions ?

Abstract

L’enfant inscrit dans un parcours de placement possède une trajectoire de vie parsemée de fragilités et d’événements traumatiques. Le contexte institutionnel doit donc favoriser la reconstruction de l’enfant dans un environnement sécurisant. Notre Mémoire pose la question du jeu dans les services d’accueil à partir de deux interrogations : Pourquoi est-il important de jouer avec les enfants placés ? & Comment le jeu se présente-t-il au sein de ces institutions ? Notre première question a pour objectif de mettre en évidence le caractère essentiel du jeu en montrant qu’il est absolument nécessaire à l’enfant mais aussi qu’il constitue un véritable outil thérapeutique pour l’enfant placé. Notre seconde question cherche à connaitre comment le jeu se présente dans les institutions résidentielles afin de mieux comprendre le vécu de chaque enfant placé. Le but est de saisir l’enfant dans ce qu’il est et dans ce qu’il ressent pour adapter sa prise en charge. Le point de départ est de concevoir que son parcours de vie particulier et son expérience quotidienne singulière se reflètent dans ce qu’il extériorise au sein du jeu. Le jeu étant le langage et le miroir des émotions de l’enfant. Les données ont été recueillies chez 7 enfants de 2 à 5 ans placés dans 4 services résidentiels différents ainsi que chez 5 intervenants institutionnels. Chaque enfant a participé à deux séquences de jeu libre : une en situation solitaire et une en situation accompagnée d’un intervenant avec qui il est régulièrement en contact. Les séances ont été filmées. La phase du jeu accompagné a été analysée avec la grille d’analyse du Crowell. La phase du jeu solitaire l’a été avec une grille d’analyse conçue par nos soins. Les résultats mettent en exergue des caractéristiques ludiques spécifiques en fonction du temps de présence en foyer, du parcours précédent au placement dans l’institution actuelle, de l’expérience de la relation avec l’intervenant et de l’influence mutuelle des deux protagonistes du jeu. Il est donc possible d’approcher la subjectivité de l'enfant grâce à l’observation de son activité ludique et d’adapter sa prise en charge en conséquence. L’utilisation des grilles du Crowell et du jeu solitaire est pertinente. Le jeu est bien un outil de soins dont les qualités favorisent la reconstruction.