L’humanisme dans l’architecture de Jørn Utzon: compréhension par rapprochement avec le mouvement Cobra

Abstract

Jorn Utzon a toujours été en contact avec la sphère artistique. Sa fille Lin souligne lors d’une exposition artistique en 2012 : « mon père adorait l’art et la pensée infinie de l’art, il ressentait un profond respect et une affection familiale pour les artistes ». L’amitié qu’il portait aux artistes membres du Cobra est faite allusion dans une interview où Utzon révèle la morale qu’il retient des artistes : « J’ai récemment demandé au peintre Egill Jakobsen danois : « qu’est-ce que l’art ? ». Il a répondu que quand il était membre actif du groupe Cobra (qui comprenait alors des peintres fantastiques spontanés comme Dubuffet et Asger Jorn) il avait discuté de cette importante question et a conclu que l’art était le résultat des forces de libération intérieures créatrices de tout homme ». Un peu plus loin dans la conversation, il évoque ce qu’il a retenu d’un poète suédois : « Un poète suédois, en parlant de l’art, a fait la mise en garde suivante : « ne vous laissez pas vous priver de vos sentiments en laissant trop d’importance, en mettant au milieu, en avant plan, l’intelligence » .

L’équilibre entre raison et sentiments, dont le poète en fait une maxime morale, est recherché à travers l’expérimentation dans l’art Cobra. De la même manière, Jorn Utzon aspire à cet équilibre dans son architecture et ce à travers les mêmes moyens utilisés par Cobra, à savoir la spontanéité, l’expérimentation, mais aussi les mêmes concepts comme la primitivité ou la notion de l’adéquation de la forme et le contenu. Nous allons tenter de démontrer qu’Utzon, tout comme le mouvement artistique Cobra, tente d’aboutir à cette équilibre inhérente à la nature humaine. La notion d’équilibre ici décrite donne cette définition de l’homme tel qu’Utzon le considère dans son architecture, et constitue l’humanisme qui la caractérise – ce que ce mémoire cherche à mettre en évidence.