Le sens du temps à l’épreuve de la maladie chronique : grandir avec, vivre et peut-être rêver... Etude du récit de vie d’adolescents atteints d’obésité

Abstract

L’obésité, enfin reconnue comme une maladie chronique, a atteint les proportions d’une épidémie mondiale. Il ne s’écoule pas une journée sans que l’on entende parler de lutte contre le surpoids. Pourtant, les programmes sanitaires oublient souvent que derrière cette maladie complexe et multifactorielle, il y a une personne. L’objectif de notre recherche a été de mettre en évidence, via l’étude des récits de vie, ce que l’adolescent obèse décide de dévoiler de lui-même lorsqu’on lui laisse libre parole ; comment il se raconte et peut-être se projette, comparativement à des adolescents non atteints d’une maladie chronique. Les domaines de vie investis, leur narration autobiographique et leur temporalité respective ont donc été comparés. Notre échantillon global était composé de sept adolescents obèses consultants, pierre angulaire de notre recherche, et de sept adolescents contrôles, de quatorze adolescents dépressifs (scolarisés ou hospitalisés) issus de la thèse de Boulard (2012), tous appariés par l’âge, le sexe et le niveau scolaire aux adolescents obèses. Approche qualitative (étude thématique des récits) et approche quantitative (emploi d’auto-questionnaires et statistiques textuelles) se sont combinées et complétées afin d’avoir un regard plus exhaustif. Nos premiers résultats indiquent qu’il existerait des particularités de discours propres aux adolescents obèses, tant au niveau du contenu que de la forme. Des éléments cliniques tels que le déni du problème de surpoids, l’importance de la nourriture, le ressassement d’évènements négatifs, le surinvestissement de la sphère familiale, les amitiés moins intimes, le sentiment de solitude en présence d’autrui et une orientation temporelle passée négative ont pu être mis en évidence et distinguent, dans notre recherche, les adolescents obèses des trois autres sous-échantillons de comparaison.