L'effet de la musicothérapie sur la prise en charge de femmes victimes de violences sexuelles en République Démocratique du Congo

Abstract

Ce mémoire a pour objectif principal d’évaluer l’effet d’une prise en charge par le biais de la musicothérapie chez des femmes qui ont été victimes de violences sexuelles en République Démocratique du Congo. Notre recherche a été réalisée au sein de l’hôpital de Panzi établi dans ce dernier pays, à Bukavu plus précisément. Elle a été rendue possible grâce à la collaboration des intervenants locaux et de l’équipe ICART. Ce présent travail se subdivise en deux études. La première vise à estimer l’évolution des symptômes anxieux, dépressifs et de stress post-traumatique chez 72 femmes violentées sexuellement, après avoir participé à des séances de musicothérapie réparties sur trois mois. Une comparaison avec 38 femmes violées, mais n’ayant pas bénéficié de cette prise en charge, nous permettra également de répondre à cet objectif. La seconde étude cherche à établir les liens existant entre la résilience de femmes victimes de violences sexuelles ou d’autres vulnérabilités et leur vécu subjectif quant à la musicothérapie. Afin de répondre davantage à cet objectif, une comparaison est également effectuée entre ces deux groupes – comptant respectivement 25 et 23 femmes – pour déterminer les différences qu’ils manifestent quant à la résilience, au vécu subjectif par rapport à la musicothérapie et aux liens entre ces deux notions. Au travers de diverses analyses statistiques, nos résultats indiquent d’abord une amélioration significative des manifestations anxieuses, dépressives et de stress post-traumatique des sujets après trois mois de prise en charge par la musicothérapie. Excepté pour les signes de stress post-traumatique, l’évolution positive et significative des symptômes anxieux et dépressifs est d’autant plus marquée que pour les femmes n’ayant pas bénéficié de la prise en charge par la musicothérapie. Ensuite, nous avons pu mettre en évidence que la résilience, la tolérance des affects et la spiritualité des participantes toutes confondues sont liées au ressenti émotionnel induit par la musicothérapie. Leur niveau de ténacité est également lié à leurs compétences expressives et à leur confiance en elles-mêmes après la musicothérapie. Leur sens du contrôle interne est aussi lié à la communication de leurs émotions. De plus, le sens du contrôle interne, le ressenti émotionnel induit par la musicothérapie ainsi que le lien entre la tolérance des affects et les compétences sociales après la musicothérapie sont différents en fonction des femmes ayant été victimes de violences sexuelles ou d’une vulnérabilité spécifique. Très peu d’études se sont intéressées à ce type de prise en charge chez des individus ayant connu un viol, et ce d’autant plus dans un contexte de conflits armés, tel qu’en République Démocratique du Congo. C’est ici que réside tout l’intérêt de ce mémoire. Cependant, ce dernier présente plusieurs limites. Ainsi d’autres études semblent nécessaires afin de répliquer nos résultats et de les explorer davantage.