Scolarité et psychopathologie à l'adolescence : le sens des interventions au sein d'une Structure Scolaire d'Aide à la Socialisation

Abstract

Introduction. La question de la psychopathologie à l’adolescence est rendue complexe par le processus même de cette période de l’existence. Les adolescents passent la plupart de leur temps sur les bancs de l’école. La scolarité interroge la « solidité » du déploiement psychologique du jeune et par conséquent, dévoile les fragilités, voire un bouleversement de ce développement, pouvant relever de troubles psychopathologiques (Colin-Madan, 2011). Il est donc essentiel pour ces adolescents souffrant de troubles psychopathologiques de pouvoir bénéficier d’une structure scolaire alternative, au sein de laquelle l’objectif serait d’une part, la stabilisation du trouble et d’autre part, de maintenir une scolarité pertinente, au-delà de l’optimisation des connaissances à tout prix.

Objectif de la recherche. L’objectif de ce mémoire est de réaliser une évaluation de l’efficacité des interventions mises en place au sein d’une Structure Scolaire d’Aide à la Socialisation (SSAS) à partir de la perception du vécu des jeunes se trouvant actuellement dans la SSAS, des jeunes étant sortis de la SSAS et des intervenants de la SSAS. Ainsi, il s’agit de recueillir l’expérience des jeunes étant actuellement inscrits dans le processus de raccrochage scolaire.

Méthodologie. La méthodologie est scindée en trois temps. Le premier temps se réfère à une observation de terrain. Dans un deuxième temps, dix adolescents se trouvant actuellement dans la SSAS ainsi que quatre adolescents ayant transité par la SSAS ont été rencontrés. Au travers d’entretiens individuels semi-directifs et avec l’appui de questionnaires auto-rapportés, nous avons tenté de saisir le vécu de ces jeunes au sein de l’institution. Dans un troisième temps, six intervenants de la SSAS se sont exprimés sur le dispositif de la SSAS sous forme d’entretiens libres.

Résultats et conclusion. Les résultats montrent une congruence entre les perceptions des différents acteurs de cette recherche. Il ressort de cette étude qu’un des points forts du dispositif mis en place par la SSAS réside, en partie, dans la relation. Les adolescents y font, pour la plupart, l’expérience d’un processus de « resocialisation » par les pairs et expérimentent la construction d’une relation avec une figure bienveillante. Au-delà de l’aspect relationnel, alors que l’expérience scolaire a été vécue comme une souffrance pour ces jeunes, la SSAS leur permet de retrouver un sens à leur scolarité au travers de nombreuses pratiques d’intervention mises en place par les intervenants. Au-delà du contexte particulier de la SSAS, cette recherche s’ouvre sur la question d’une perspective relationnelle en éducation et propose une vision optimiste des dispositifs « relais ».