Violences sexuelles et psychotraumatisme chez l'enfant en République Démocratique du Congo

Abstract

Introduction : Cela fait maintenant deux décennies que l’Est de la République Démocratique du Congo est plongée au coeur d’un conflit armé de grande envergure. Les populations y sont dès lors soumises à de nombreuses violations des droits humains, parmi lesquelles les violences sexuelles sont légion. Le psychotraumatisme est par conséquent fort répandu au sein de ces populations, que ce soit chez les adultes ou chez les enfants. Cependant, la symptomatologie post-traumatique varie selon le niveau de développement, et donc l’âge de l’enfant. Objectifs : L’objectif premier de cette étude était d’enrichir la compréhension de l’expression traumatique d’enfants issus de l’Est de la RDC et ayant subi un événement traumatique, plus précisément de la violence sexuelle, en explorant les particularités de cette expression. Méthode : L’échantillon se compose de 36 sujets de sexe féminin, ayant été victimes de violences sexuelles à Kavumu et âgés de 3 à 15 ans. Nous avons commencé par réaliser différentes statistiques descriptives à propos de cet échantillon. Nous avons ensuite réalisé différentes analyses de sorte à tester le lien entre la symptomatologie post-traumatique et différents facteurs, à savoir la culture de l’enfant, l’âge de l’enfant, l’âge de l’enfant au moment des faits, la détresse parentale et enfin l’interaction entre ces deux derniers facteurs. Résultats : Les enfants de l’échantillon présentent davantage de symptômes somatiques par rapport aux autres catégories de symptômes post-traumatiques (t(35,36)= 4.99 ; p<0.05). Cependant, l’âge de l’enfant n’a pas d’effet sur cette variation symptomatique (F(2, 36)= 0.13 ; p= 0.88). De plus, la symptomatologie des enfants de l’échantillon ne varie pas selon que les enfants étaient plus (t(34,36)= 0.05 ; p= 0.96) ou moins (t(34,36)= -0.53 ; p= 0.60) âgés au moment des faits. Par ailleurs, la symptomatologie post-traumatique n’est pas expliquée par la détresse parentale (F(1,34)=0.03 ; p=0.85). De la même façon, la symptomatologie post-traumatique n’est pas expliquée par l’influence combinée de l’âge au moment des faits et de la détresse parentale (F(2,33)=0.023 ; p=0.98). Conclusion : En raison de la particularité des résultats observés, des études supplémentaires, construites de sorte à pallier les limitations de cette présente étude, seront nécessaires pour en apprendre davantage sur la façon dont le traumatisme s’exprime chez les enfants à l’Est de la RDC. A cet effet, il pourrait être pertinent d’utiliser des méthodes à la fois quantitative et qualitative, de sorte à pouvoir mettre au point des questionnaires davantage adaptés à ces populations, en collaboration avec les psychologues et les chercheurs locaux.