Le lien entre l'empathie et le développement d'un traumatisme secondaire et/ou vicariant. Cas particulier des professionnels du Centre de Réadaptation Fonctionnelle du CHR de Verviers

Abstract

Il est désormais indéniable que les aidants professionnels travaillant au service de victimes de traumatismes sont eux-mêmes susceptibles de développer un traumatisme psychologique de par leurs contacts empathiques avec ces patients. De nombreuses études concernant le traumatisme secondaire et le traumatisme vicariant chez les médecins, infirmières, travailleurs sociaux, pompiers… peuvent en témoigner. Qu’en est-il chez les professionnels d’un centre de réadaptation fonctionnelle qui n’interviennent pas en première ligne lors d’événements potentiellement traumatisants mais qui risquent de développer un traumatisme à travers les récits généralement poignants de leurs patients ? Le présent travail comporte plusieurs objectifs : évaluer le niveau d’empathie de ces professionnels ; juger si ces derniers développent des symptômes de stress traumatique secondaire ou de fatigue de compassion ; examiner s’il existe un lien entre l’empathie et la traumatisation indirecte ; et finalement, discuter avec certains professionnels de leur vécu professionnel au sein d’un centre de réadaptation fonctionnelle. Pour répondre à ces divers objectifs nous avons tout d’abord distribués plusieurs questionnaires aux professionnels (médecins, kinésithérapeutes, ergothérapeutes, logopèdes, psychologues, assistantes sociales et secrétaires) du Centre de Réadaptation Fonctionnelle du CHR de Verviers. Ensuite, nous avons réalisé des entretiens avec treize d’entre eux. En dépit de certaines limites que présente cette recherche, les résultats permettent de constater qu’en moyenne, les scores de stress traumatique secondaire et de fatigue de compassion ne sont pas cliniquement significatifs. Néanmoins, lors des entretiens, les professionnels interrogés expriment diverses difficultés relatives à leur travail au sein du CRF et des patients qu’ils y rencontrent. L’analyse des données quantitatives a également mis en évidence la présence d’un lien significatif entre l’empathie affective et le stress traumatique secondaire. Les résultats montrent également un effet significatif du genre sur le stress traumatique secondaire et que la composition familiale exerce un effet significatif sur le burnout. L’analyse des données qualitatives, quant à elle, a permis d’illustrer et nuancer les résultats quantitatifs obtenus.